« ALORS, TU CROIS TOUJOURS QUE JE SUIS UNE GAMINE ? » qu'elle s'écrie une fois arrivée à destination. Brisant le silence et déstabilisant les abysses qui se trouvaient entre eux. Mattias hausse les épaules parce qu'il ne voulait pas qu'elle prenne trop vite la confiance et décide volontairement de ne pas répondre, de ne pas la féliciter comme il devrait le faire. Avant même qu'il ne comprenne comment, ni pourquoi, ses pieds avancèrent, l'un devant l'autre sur ce béton vieillit par les années qui sont passées. Le palpitant de l'hispanique s'emballait, vertige qu'il tentait de contrôler. S'essayant dans ce rôle d'acrobate, rôle improvisé dans lequel il s'était imprégné. En rejoignant l'immeuble voisin, Mattias ne voulait pas atterrir, désireux de vouloir s'envoler encore et toujours un peu plus haut vers les cieux. Sentiment d'adrénaline qui transcendait son âme et qui nourrissait ses veines qui n'étaient jamais assez rassasiées. Obsidiennes qui s'accrochèrent à celles de la céleste funambule, Mattias voulait faire perdurer la partie dans laquelle ils venaient de s'engager. « Ce que je crois... C'est qu'il va m'en falloir plus pour me convaincre. » dit-il en contournant l'adolescente, toujours avec ce regard intense qui ne le quittait pas et qui le caractérisait tant. « Sae dis-moi, est-ce que tu es réellement prête à avoir de nouveau la tête à l'envers ? » lui demande-t-il tout en reculant. Aventure dont il n'avait pas envie qu'elle prenne fin, question qui dissimulait secrètement une promesse, cet engagement interstellaire qui repoussait déjà toutes les frontières. Peut-être que ça ne serait pas cette nuit, mais ce qu'il savait c'est qu'il aimait bien trop lui faire tourner la tête. C’est ainsi que Mattias adressa un clin d’œil à Sae, défi qu'il relançait, l'embarquant instantanément dans cette nouvelle course effrénée contre la vie, le temps et toutes les dimensions qui se dresseraient sur leur chemin. Passant d'un toit à un autre, survolant le monde, les gens, sous les milliards de vies volées spectatrices de cette page qu'ils étaient en train d'écrire. « AHOUUUUUUUUUUUU ! » qu'il s'écrie d'une voix grave, imitant le loup qui hurle à la lune. Cri libérateur qui s'échappe d'entre ses cordes vocales et qui allège son âme tourmentée. Néant qui les encerclait, coeur qui était sur le point d'exploser. « Tu devrais essayer, c'est très libérateur ! » lui recommande-t-il, comme s'il s'agissait d'un conseil avisé donné par le grand sage lui-même. « AHOUUUUUUUUUUUU ! » répète-t-il avant de se mettre à rire à gorge déployée. Elle devait certainement le prendre pour un fou, un fou qui dévoilait sa démence à la vie, mais il s’en contrefichait. Oubliant l'ensemble de ses craintes et de ses peurs, l'argentin ne pensait à rien, se contentant juste de ne pas trébucher, d’accorder ses pas en fonction des obstacles. Soudainement, ils arrivèrent au bout du chemin, celui qui les imposaient de s’arrêter, mais qui ne marquait pas la fin de leur récit. « Est-ce tu vois, ce que je vois ? » Des tourniquets, une balançoire et un tas d’autres jeux se trouvaient actuellement hors de leur porté, mais ceci n’était qu’un détail pour ces deux oiseaux de nuit qu’ils représentaient. A cet instant précis, ils avaient le monde à leurs pieds. Sensation puissante, mais également grisante qu'il ressentait au plus profond de son être, comme s'ils pouvaient le temps d'une nuit devenir les maîtres de cet univers qui leur échappait inévitablement.

(( outfit )) « C’est moi. » qu’il lâche en présentant le bouquet à la belle brune qui partageait sa vie. « Elles m’ont fait penser à toi. » Confession prononcée avant un léger baiser sur les lèvres de celle qui avait prit soin de son cœur. Il n’eut pas le temps de la prendre dans ses bras qu’un boulet de canon arriva dans ses jambes. Son fils. Ben. La prunelle de ses yeux. Il le sert dans ses bras, embrassant son front avec amour, ébouriffant ses cheveux au passage. « Tu as été sage avec Elina Ben j’espère. » qu’il demande avec un sourire bienveillant. Il secoua la tête et repart à ce qui l’occupait avant qu’il ne rentre, les laissant seuls tous les deux. Le brun s’approcha de la jeune femme, caressant sa joue en posant son front contre le sien. « Tu m’as manqué. » Petit à petit, il redevenait lui-même. Ce garçon expressif, plein de joie et d’amour, prêt à aider tout ceux qui étaient dans sa vie. Ces traits qui avaient disparu pendant de long mois, faisant de lui un être odieux que personne ne pouvait respecter. Il s’en voulait encore de la violence des mots qu’il avait prononcé à l’encontre de sa mère. Alors à présent, il voulait juste être heureux. Juste être lui. Juste profiter de la vie. « Tu veux que je te prépare quelque chose ? Un thé, café ? » Proposa-t-il en allant à la cuisine pour se préparer un café. Chaque fois qu’il le pouvait, il passait du temps avec elle, profitant de chaque instant que la vie avait à lui offrir. « Et le trésor n’a pas été trop infernal avec toi ? » Nom affectueux qu’il avait donné à ce petit être qui grandissait dans son ventre. Nicolas était impatient à l’idée de le rencontrer, de revivre ces moments heureux qu’il avait toujours vécut avec Ben. Ses yeux se posèrent sur la future mère et tandis que l’eau chauffait, il ne put s’empêcher de se rapprocher d’elle, posant doucement sa main sur son ventre. Un sourire sur les lèvres alors qu’il profitait de ce moment si complice entre eux. Le silence s’imposa quelques instants. Silence confortable où aucun mot n’avait besoin d’être prononcé pour exprimer ce qu’il ressentait. « Et ta journée s’est bien passée ? » qu’il murmure presque, comme n’ayant aucune envie de le briser ce silence heureux. Cette bulle de bonheur dans laquelle il voulait vivre. Malgré tout cela, il y avait une part d’inquiétude qui demeurait. Son agression avait fait tellement de mal à Nicolas qu’il faisait tout pour la mettre de côté. La perdre elle ou leur enfant n’était pas une option qu’il pouvait envisager. Il savait l’histoire sombre de son étoile et les souvenirs que cela avait put remonter alors il voulait savoir comment elle se sentait. Peu importe si cela était mauvais, leur relation était celle d’une confiance que rien ne pouvait brisée. Elle l’avait aidé tellement de fois à ne pas sombrer, elle avait été forte de si ombreuses fois pour lui qu’il se devait de l’être pour elle. Quoi qu’il arrive. Parce qu’à présent elle était la femme qui partageait. Qu’il gravirait montagnes et affronterait tous les monstres pour qu’elle soit en paix. Parce qu’elle était sa plus grande force, son plus grand soutient. Parce que sans elle, il ne serait plus de ce monde, il ne serait pas cet homme aimant. Sans elle, il ne serait rien. Parce qu’elle était le feu qui le consumait, l’étoile qui brillait dans l’immensité du ciel. Sa source d’espoir pour ne plus jamais succomber.