santiago rojas a écrit:

Il était amoureux d’Anissa, Santiago. Il lui avait fallu des années pour réussir à l’admettre, mais maintenant que c’était dit, il savait qu’il était amoureux d’elle et que ça ne datait pas d’hier. Il l’avait attendue pendant des années et finalement ses histoires d’à côté, son mariage même, ça n’avait été qu’un divertissement, un moyen de ne pas être seul, quand elle, elle vivait sa grande histoire d’amour avec Wesley. Il savait bien qu’il aurait dû lui dire ça plus tôt, quelque chose comme quinze ans plus tôt, mais du haut de ses dix-neuf ans, il avait été bien trop maladroit avec ses sentiments pour pouvoir admettre quoi que ce soit. Il se souvenait trop bien en plus du jour où elle était venue lui dire qu’elle avait un petit-ami, elle avait été tellement heureuse, tellement sur son petit nuage, qu’il avait bien compris qu’il n’avait aucune chance avec elle. Il avait fini par abandonner le brun, par se dire que de toute façon, ils ne pourront jamais être ensemble. Comment est-ce qu’il aurait pu en être autrement, alors qu’elle était toujours retournée vers Wesley. Leur histoire à eux deux, elle semblait tellement épique, les amoureux de lycée, séparés par l’université qui finissaient par se retrouver quelques années plus tard pour se marier. Franchement, comment est-ce qu’il était pu rivaliser avec ça ? Lui il n’avait toujours été que son meilleur ami et il ne voyait pas pourquoi il serait plus que ça. Il n’avait jamais imaginé pouvoir être plus que ça. C’était bien pour ça qu’il était parti bien vite après lui avoir dit ce qu’il ressentait pour elle. A quoi bon rester là à se prendre un râteau dans la figure hein ? Jamais il n’avait imaginé que les sentiments puissent être partagés et pourtant, quelques temps après ça, Anissa elle était venu lui dire qu’elle ressentait la même chose.

Cet aveu lui brise le cœur. Elle le connaît mieux que quiconque, comme si elle avait traversé une éternité de vie à ses côtés. Elle connaît chaque détail de ses particularités, chaque courbe de sa personnalité. Et malgré ça, elle est là, près de lui, dans ses bras, à tenter de le convaincre qu’il n’est pas le monstre qu’il voit en se regardant dans la glace. « Je pourrais passer une éternité à essayer d’être l’homme que tu mérites. Mais mes tentatives seront toujours vaines. »

Ses yeux ont à peine le temps de s’imprégner de l’expression dessinée sur les traits de son visage que ses lèvres s’emparent des siennes. Ses paupières se ferment par réflexe. Feu d’artifice incontrôlable dans le creux de son ventre et qui remonte jusqu’à son myocarde lacéré. Baume cicatrisant sur les plaies béantes de son cœur. Le goût fruité de ses lèvres balaye toutes les frontières qu’il s’était juré de ne pas traverser. Poussé par son rythme cardiaque battant un rythme joyeux de symphonie amoureuse dans sa cage thoracique, le loup torturé s’empare de sa douce, encerclant sa taille délicate de ses bras pour la serrer contre lui. Il le sent, son palpitant à elle, qui bat fort contre sa poitrine à lui. Et ça lui donne envie de l’embrasser comme jamais il n’a pu l’embrasser auparavant. Avec un mélange d’avidité et de douceur, ses lippes se délectent des siennes. Il s’abreuve d’un amour qu’il s’éventrait à repousser, un amour pourtant plus fort que toute la force qu’il a rassemblée pour s’éloigner d’elle. Il se sent revivre, le musicien déchu, à mesure que ses lèvres caressent les siennes.

« J’ai peur, Lou. J’ai si peur de te faire du mal, encore. J’ai peur qu’un jour, je finisse par te détruire. » La peur, cette noirceur qui le tétanise et les empêche d’être heureux, ensemble. Cette obscurité qui l’a toujours accompagné et l’a manipulé comme une marionnette, lui arrachant toute bribe de bonheur qu’il a pu ressentir. Cette angoisse qui lui cisaille les entrailles alors que son front se repose à nouveau contre le sien. Il lutte contre l’appel de ses lèvres, tentant d’ignorer sa respiration qui se mêle à la sienne avec une douceur contrastant totalement avec l’apocalypse qui se déroule dans son être. Mais il est faible, le rouquin, faible et déraisonnablement amoureux. Alors il cède et emprisonne une nouvelle fois ses lèvres dans un baiser désespéré mais lui contant tout l’amour que son cœur enflammé hurle pour elle.