Echo d'un passé qui lui parut subitement proche, car il n'avait pas oublié River. Se remémorant instantanément les détails de leur tragique histoire et de toutes les fausses notes sur lesquelles ils avaient chacun trébuché. Mélodie de cette partition imparfaite qui se jouait instinctivement dans ses oreilles, déclenchée par le poids des mots bouleversant son ex-femme qui donnait une autre direction à leur conversation. « Oh River… Mon bébé. J’ai pas su protéger mon bébé… Et Léo… Il souffre bien trop… Mon bébé… » Il était désorienté le scandinave face à cette situation qui lui échappait complètement. Après toutes ces années, la vie avait donc continué de s’acharner sur la Kline ; la nuit espérant toujours récupérer l'un de ses enfants disparus de l'île perdue. « Je t’en supplie ne m’enlève pas Louise… Pas elle aussi… J’en mourrais…. Et Léo… Il ne survivra pas… Non il ne survivra pas… Comment je peux le sauver River ? Comment ? Je suis si impuissante… Mon bébé… Louise… Je t’en prie ne m’en veut pas… Ne m’en veut pas… » Rose se noie dans l'océan de ses plus sombres tourments tandis que le désordre s’empara de l’esprit du Nielsen qui ne comprenait plus rien à ce qui était en train de se passer. Ne sachant pas si cette fois, il avait une part de responsabilité dans le réveil soudain des maux qui étaient en train de l’accabler et qui remontaient brutalement à la surface. « Rose, calme toi. Qu'est-ce que tu racontes à la fin ? » lui demanda t-il interloqué et surpris par son attitude des plus extrêmes. Pourquoi est-ce qu’il lui prendrait Louise et pourquoi est-ce qu’il lui en voudrait ? Deux questions complètement absurdes qu'il se posait et auxquelles il se refusait de trouver une explication. Intrigante affliction qu'elle s'infligeait, River se releva du canapé où il était installé et à présent il se sentait démuni face aux affres de l’agonie de l’oiseau qui était maintenant cloué au sol. « Rose... » dit-il en l'interpellant, en espérant qu'elle se ressaisisse parce qu'à l'intérieur de lui s'éveillait une dualité entre la raison et la démence qu'il s'efforçait de s'imposer pour ne pas complètement paniquer. Pourtant malgré lui, c'est un noeud qui se forme. Là, dans le creux de ses entrailles. Parce qu'il est loin d'être stupide le Nielsen, une seule chose justifiait l'état extrême dans lequel s'était plongé la fleur délicate. A moins que... Pendant une fraction de secondes, il détourna son regard et posa sa main gauche contre sa bouche comme pour retenir ses mots et ses émotions qui étaient en pagaille. Tombant des nus comme s'il venait enfin d'ouvrir les yeux sur une réalité dans laquelle il s'était littéralement fourvoyée. Le Nielsen laissa retomber son bras contre son corps, reposant ses océaniques sur la Kline et plus il l'observait, plus il en était persuadé. « Ce n'est pas possible... Dis-moi, Rose que ce n'est pas ça. » Louise, tout était lié à elle. C'était comme se prendre un coup en plein coeur, sans être capable de pouvoir hurler sa détresse. Comme si on l'avait enfermé dans une pièce insonorisée où personne ne pouvait l'entendre. « Bon sang, réponds-moi s'il te plait ! Tu n'as pas le droit de me faire ça, de me dire toutes ces choses et de te renfermer sur toi-même ! » s'exclama t-il en perdant ses moyens, avant de déglutir avec difficulté. Chaque mot, chaque phrase qu'il formait lui prenait toute son énergie, car la situation était injuste. Alors qu'il devait être à terre, curieusement c'est elle qui se retrouvait à sa place. Rose, j'ai besoin que tu reviennes à toi. Souviens-toi à quel point c'est triste de voir un oiseau cloué au sol. Alors reviens-moi.