TRIGGER WARNING : anxiété, préjugés, ...
Ces éléments sont précisément décrits dans le rp qui va suivre. Nous vous déconseillons donc fortement de lire ce rp si vous êtes particulièrement sensibles à ce sujet.

Les cuisines de Sophie’s bakery voient bien trop souvent leur ancienne propriétaire, ces derniers temps. Cela fait deux ans que la pâtissière a remis le tablier. Pourtant, impossible de laisser son bébé en totale indépendance. Sa fille Rosalie gère tout d’une main de maitre, elle doit l’admettre, et si elle est là, ce n’est pas pour la surveiller. Loin de là. Elle lui a remis les rênes, elle a confiance en elle. Non, si la Lennox-Baxter est là, c’est pas nécessité. Quand les nuits sont top courtes parce que les insomnies ont fait d’elle son pantin favori, se rendre dans son sanctuaire semble être la meilleure solution. Pâtisser, c’est tout ce qu’il lui reste. Tout ce qui lui a jamais vraiment appartenu. Rien qu’à elle. Et sa propre cuisine a fini par devenir trop petite que pour contenir son besoin de se changer les idées. Ici, elle est au moins utile, venant prêter main forte au personnel et ajoutant quelques surprises à la vitrine de la pâtisserie. Ses fins de nuit et ses matins, c’est ici qu’elle les passe. C’est le seul endroit qui parvient à l’apaiser.

Sophie réagence quelques viennoiseries au-dessus de la vitrine avant de se frotter les mains sur son tablier. Le tintement de la porte d’entrée retentit et, habitude qui ne la quittera jamais, son regard se tourne vers le client qui vient de pousser la porte de son commerce. Il s’agit d’une femme, qui fait entrer avant elle une poussette. « Siohban ? » souffle la Harper, surprise. Elle fait face aux yeux ronds de la rousse. « Je ne m’attendais pas à ce que tu passes la porte de mon café. » lâche-t-elle, surprise, non sans être maladroite. Ça sonne mal, très mal. Et à voir l’expression de l’irlandaise, elle comprend qu’elle n’avait aucune idée qu’elle poussait la porte de ce café en particulier. Et puis, Sophie n’est même plus censé s’y retrouver quotidiennement puisqu’elle est à la retraite. Elle perçoit un battement en retraite de la jeune mère. Sophie ferme les yeux et se flagelle mentalement. Jamais elle n’a osé mépriser un irlandais ou même une simple personne de la sorte. Qu’est-ce qu’il lui prend ? « Je t’en prie. Je peux t’offrir un café ? » propose-t-elle pour la retenir, consciente d’avoir tout fait de travers depuis le début avec le femme qui occupe désormais toute la place dans le cœur de son cadet. Elle fait partie intégrante de la vie de son fils. Julianne n’est plus là. Et ça fait un moment déjà. Il est temps qu’elle s’y fasse. Cette femme mérite qu’elle s’intéresse à elle pour ce qu’elle est et qu’elle cesse de la voir comme la remplaçante. Elle n’attend pas sur le banc de touche. Nicholas l’a choisie. Et le cœur du Harper n’a jamais choisi quelqu’un sans que la personne en vaille la peine.

time was a bust, you thought you'd better be tough
w/  @Sophie Harper

Au fond de toi, tu le savais. En traversant l’océan pour venir vivre sur cette autre continent, ta vie allait prendre un nouveau tournant. Tu ne savais pas si ce départ de ton Irlande natale était temporaire ou définitif, aujourd’hui encore, c’est flou. Nicholas a besoin de temps pour retrouver son passé, reconstruire des liens avec sa famille et tu ne le presseras pas. Tu connais la fragilité et la force d’une famille, la puissance positif ou négative qu’elle peut avoir sur les gens. Mais tu ne regrettes pas ton choix. Tu savais simplement qu’en montant dans cet avion, tu irais vers la destination où allait naitre ta fille. Vers une destination qui allait devenir ta maison durant quelques mois/ Ce n’était pas une destination inconnu parce que même si tu as le sentiment que c’était dans une autre vie, tu as déjà vécu à San Francisco.

Tu aimais cette ville, bien qu’en quinze ans, elle est changée autant que toi. La plupart de tes repères avaient disparu, transformé en boutique ou en logements sociaux, ça te rendrais presque nostalgique alors quand tu passes devant la Sophie’s bakery , c’est la Sio de 15 ans qui sourit. Dire que tu avais été une habituée serait exagéré, mais tu étais déjà venu et le lieu ne te semblait pas si différent. Alors, tu avais décidé que c’était parfait pour faire une pause durant votre balade du jour.

Le bruit du carillon te voles un sourire. Sourire qui disparait relativement vite quand tu entends ton prénom, quand tu lèves les yeux vers une femme que tu reconnaitrais entre mille : la maman de Nick. Il ne te faut pas beaucoup de temps pour que tout s’assemble dans ton esprit et que tu comprennes que tu venais de mettre les pieds dans un lieu où on ne voudrait surement pas de toi. « Je .. » Tu es mal à l’aise et cela se voit directement, tu as toujours eu beaucoup de mal pour cacher tes sentiments quand tu es sous l’effet de la surprise. « Je suis désolé, je ne savais pas que c’était votre pâtisserie, je n’aurais pas dû. » Tu baisses le regard comme si tu n’étais qu’une enfant qui venait de faire une bêtise. Si Nick savait que tu étais prête a rester dans l’ombre autant de temps qu’il le faudrait à la famille Harper pour se reconstruire, elle l’ignorait. Et tu avais peur qu’elle voit en ta présence autre chose que cette maladresse qu’elle ne connait pas.

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Beaucoup de choses chez cette Européenne lui rappellent l’Irlande et les années qu’elle y a vécu. Elle lui rappelle son Tomas dans une infinité de parcelles qui le composent. Dans un univers où ils n’auraient pas souffert de la disparition de Nicholas et encore moins de sont retour amnésique, la matriarche n’aurait pu souhaiter mieux à son fils. Sauf que dans la réalité qu’ils sont en train de vivre, Siohban est un océan de mystères et lui rappelle les deux années que le jeune Harper a passé loin des siens, refoulant ses plus récents souvenirs au plus profond de son esprit. Comme s’ils pouvaient être suffisamment cachés pour ne plus jamais avoir à s’en soucier. Sio, elle est celle dont il a préféré ne pas leur parler. Celle qu’il leur a caché. Pour la préserver. Et Sophie, elle ne peut s’empêcher de se demander si ce ne sont pas vraiment eux –les Harper– les éléments nocifs de cette triste histoire.

Le contact avec la jeune mère est grossier, à mille lieues de l’image que la créatrice des lieux reflète habituellement. « Tout le monde est le bienvenu ici. » exprime-t-elle en espérant ne pas faire complètement fuit l’Irlandaise. Sans le vouloir, elle la réduit à tout un chacun. Elle la rabaisse. Et ce n’est toujours pas le message qu’elle souhaite transmettre. Mais qu’est-ce qu’il t’arrive à la fin ?! s’inflige-t-elle. « Vous… est les bienvenues. » reprend-t-elle en appuyant sur les mots. Jamais elle ne mettrait sa belle-fille et sa petite-fille à la porte. Mary est là aussi, et ce petit être, elle ne l’a pas rencontré souvent. Elle ne connait pas bien ses traits ni le son de ses gazouillis. Elle ne la voit pas souvent et face à ce simple fait, Sophie fait le constat : ce n’est autre qu’elle-même l’impostrice dans leur cocon. Tout est bien différent quand elle se remémore l’annonce de la grossesse de Julianne et l’attente trépignante de l’arrivée de Ben. La famille au complet s’était retrouvée au complet dans la salle d’attente le jour de la naissance. En plus de tout ça, il est vrai que son coeur de mère souffre lorsqu’elle voit son cadet s’occuper de la dernière venue au monde alors qu’il ignore qu’un autre petit garçon est son fils. « J’aurais aussi profité de cette belle météo pour découvrir le quartier. » poursuit Sophie, se doutant que la blonde n’était pas venue intentionnellement dans son café. Elles ont ce point commun d’avoir traversé l’Atlantique pour suivre l’être aimé et d’avoir choisi de fonder une famille au sein de cette autre nation. Alors que cela avait été facile pour la Lennox-Baxter de s’intégrer à la famille des Harper, elle se souvient qu’elle a traversé des moments de solitude et de mélancolie. Il faut qu’elle le reconnaisse, Siohban a bien plus de courage qu’elle, d’être là et d’essayer de se faire une place alors que rien n’est simple dans leur situation. « Comment est-ce que ça se passe avec Mary ? Elle ne vous donne pas trop de fil à retordre ? » demande-t-elle alors qu’elle n’a qu’une seule envie : passer sa tête par-dessus le bandeau et prendre l’enfant dans ses bras. « Est-ce que je peux vous proposer de vous installer quelques minutes ? C’est moi qui offre. » propose-t-elle. Deuxième invitation. Peut-être que cette fois elle acceptera. Ou certainement n’avait-elle pas prévu de s’éterniser et d’emporter sa commande. Sophie se désespère. Elle ne sait plus quel mot est juste, quelle tournure de phrase sera bien prise ou non. Son naturel accueillant et chaleureux semble s’être fait la malle. Et Sophie, quand elle ne peut pas être Sophie, elle a l’impression de ne faire que des faux pas.

time was a bust, you thought you'd better be tough
w/  @Sophie Harper

Quand on n'y pense, tu ne sais pas grand chose de la famille Harper. Nick a toujours été assez flou sur son passé, préférant éviter le sujet. Tu n'as jamais vraiment su c'était parce que sa mémoire lui faisait défaut parce qu'il était le genre de famille qu'on préfère oublier parfois. La vérité, c'était que tu ne voulais pas le brusquer. Tu ne savais pas l'intégralité des épreuves qu'il avait pu traverser, tu ne savais rien de ce que c'était de se réveiller un matin en ayant oublié des choses qu'on connait depuis toujours. Oublier des détails de sa propre vie. Tu imagines cela perturbant et tu comprends son souhait de repartir à zéro, ce qu'il a fait durant sa pause en Irlande. Et au moment où vos regards se sont croisés, il est fort probable que l'un comme l'autre, aucun n'aurait pu imaginer que vous vous retrouveriez ici, dans cette situation.

Tu ne savais pas comment tu devais te comporter avec Sophie. En vérité, tu savais simplement que lors de votre rencontre, elle ne savait rien de toi. Tu n'étais qu'une étrangère, arrivé aux bras de son fils avec un ventre bien arrondi. Et même si sa réaction t'avait fait mal, même si tu redoutais l'instant que tu étais en train de vivre, tu l'as comprenais. Parce que tu as toujours été très famille, parce que maintenant que tu es mère, tu comprends encore mieux la douleur d'un secret. Nick était prêt à devenir père sans même lui en parler. Ce n'est pas anodin, bien que tu saches que Nick n'a rien d'un homme mauvais. Mais tu es mal à l'aise, tu as le sentiment de vouloir une place dans une famille qui n'est pas la tienne. C'est un sentiment étrange, un sentiment qui ne te ressembles pas mais Sophie semble faire des efforts aujourd'hui. Tu le vois et tu décides d'en faire autant, commençant par les banalités. C'est encore ce qu'il y a de plus simple pour débuter une conversation. Ta première conversation avec la mère de Nick, sans qu'il ne soit là.« J'ai toujours adoré ce quartier, enfin quand je vivais ici, c'était il y a longtemps.» Et les murs de votre appartement commence à t'étouffer, tu as hâte de retourner travailler. Hâte de retrouver un semblant de discussion sans lait, sans couche et sans parler de selles.

« Je crois que nous n'avons pas à nous plaindre, elle dort bien et elle mange bien, mais on voit se dessiner un sacré caractère derrière ses sourires » Tu regardes ta fille en souriant, et oui, à peine quelques mois et déjà du caractère, ça promet.

« Ce serait avec plaisir, je n'ai jamais su résister à des gourmandises et je me souviens de muffins à myrtille à couper le souffle » Tu lui souriais. Tu ne pouvais pas la fuir alors qu'au fond de toi, tu voulais que les choses s'arrangent pour Nick, certes mais aussi pour Mary, pour votre famille. Une famille dont Sophie fait partie. En plus de cela, si tes souvenirs ne se moquent pas de toi, ses muffins sont vraiment une tuerie. « Et si vous avez quelques minutes, j'imagine que vous devez avoir une tonne de questions sur moi dont Nick évite de vous répondre » Sourire un peu gêné, bien que sincère. « Enfin, je suppose, c'est votre fils et .. disons qu'à votre place, suite à notre rencontre, j'en aurais. » Tu ne voulais pas lui faire de reproches ou quoique ce soit. Bien au contraire, tu comprenais et tu ne voulais pas être un sujet de discorde. Tu n'as rien a cacher.