TRIGGER WARNING : trouble dissociatif, désaccords, dispute, ...
Ces éléments sont précisément décrits dans le rp qui va suivre. Nous vous déconseillons donc fortement de lire ce rp si vous êtes particulièrement sensibles à ce sujet.

Les minutes défilent sous les yeux de la Harper alors que l’impatience se tarit peu à peu. Focalisée sans l’être sur le défilé incessant des retours à l’aéroport de San Francisco, Sophie observe ces hommes et ces femmes peu à peu dévoilées par les portes coulissantes qui donnent sur le hall des arrivées. Il y en a qui sont pressés, d’autres moins, certains qui cherchent à se diriger à l’aide des panneaux directionnels, d’autres qui savent exactement où ils doivent se rendre. Il y a les indépendants et autonomes qui filent sans rien demander à personne, d’autres qui cherchent avec impatience dans le regard les visages connus qui sont venus les accueillis. Certains ne s’attendaient pas à retrouver leurs proches de si tôt, d’autres n’ont pas l’air si heureux de les retrouver. Il y a des familles soulagées d’être arrivées à bon port qui n’attendent qu’à retrouver leur maison et d’autres pour qui le voyage ne fait que commencer. Il y a des femmes et hommes d’affaire qui n’ont rien de plus à la main qu’une petite valise, d’autres qui ont besoin de charriots pour tout emporter. Il y a des amoureux qui se retrouvent, des personnes qui sont accueillies par d’autres pour la première fois. Il y en a qui cherchent une pancarte à leur nom parce qu’ils ont réservé un taxi et d’autres qui sont déjà passés trois fois, à la recherche du stand de locations de voitures. Il y a tous ces visages qu’elle n’a jamais vu qui défilent devant ses yeux mais un seul qu’elle attend vraiment. Sans avoir besoin de regarder sa montre, elle sait que l’heure approche. Alors elle se redresse et s’approche de la porte qui les délivre tous. C’est à son tour de scruter l’assemblée avec précaution. Ils pourraient se louper, à vrai dire, puisqu’il ne sait pas qu’elle l’attend. Et cet instant, elle l’attend depuis sept-cent-quatre-vingt-six jours. Nombreux sont les grains de sable qui se sont écoulés depuis qu’elle n’a plus vu le visage de son fils autrement qu’en photo. Une peine qui ne fait que grandir depuis, jusqu’à ce que Jack insuffle l’espoir cet été. Un espoir qui s’est étouffé lorsque son petit ami est revenu bredouille de son voyage en Irlande. Il l’avait retrouvé, oui, mais il n’avait pas voulu le suivre. Il n’avait pas voulu rentrer. On l’a prévenue, Sophie, qu’elle ne pouvait pas s’attendre à ce que les choses soient normales. Que leurs retrouvailles seraient certainement différentes de tout ce qu’elle a pu imaginer. Mais elle a insisté, lorsque Jack qui a appris que Nicholas était monté à bord d’un avion en direction de San Francisco. Le cœur de la mère s’est remis à battre avec intensité, le sang est venu colorer ses joues à nouveau et l’impatience s’est éprise de ses membres. On lui a expliqué certaines choses, oui, mais pas de celles que son cœur de mère et de grand-mère sont prêtes à accepter. Non, elle n’est décidément pas prêtes à ce que leurs retrouvailles se passent de cette manière. « Nicholas ! » crie-t-elle dans sa direction en l’apercevant, poussant une valise de chaque main. La hâte s’empare d’elle, elle s’active pour se dégager des barrières qui les séparent, allant directement à sa rencontre. « Nicholas. » répète-t-elle, plus bas, à bout de souffle de toutes ces années. De tout ce temps à l’avoir attendu. Les yeux de la mère se remplissent de larmes alors que ses doigts abîmés par le temps viennent à la rencontre de la barbe naissante du jeune homme. « Tu es là. Tu es là. C’est bien toi. » répète-t-elle pour se persuader de la véracité de cet instant. Tant de fois rêvé, cette fois, c’est réellement en train de se passer. Les yeux brillants, elle détaille chaque parcelle de son visage. Il a changé sans avoir vraiment changé. Son esprit lui a joué des tours, ces derniers mois, lui faisant croire qu’elle était capable de l’oublier, de ne plus savoir exactement les traits qui le composent. Lui, cet enfant qu’elle a vu grandir jour après jour ces trente dernières années. Il lui est difficile de contenir ses larmes, sa gorge se noue comme pour l’y aider. Puis vient son contact. Son bras qui s’approche du sien, maladroitement, mais qui finit par l’attirer vers lui. Le cœur de la mère déborde alors que ses narines s’imprègnent à nouveau de ce parfum qui le caractérise. « Je t’en supplie, ne me fais plus jamais ça… » l’implore-t-elle, certaine de vaciller s’il venait à la lâcher de trop tôt.

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Le corps endolori par une nuit difficile, ce sont les souvenirs d’une dispute tourmentée qui sont venu la hanter. Cela faisait pourtant plusieurs semaines que cela s’était estompé. L’esprit à jamais travaillé par ce qui s’est dit ce jour-là. Étais-ce vraiment une erreur que d’avoir voulu protéger Ben de la descente aux enfers de son père ? Mais pourquoi diable cela s’était-il fini comme cela ? Les mots échangés, la haine dans le regard de son cadet et la douleur de son absence. Tout tourne en boucle, enveloppé dans un voile triste sur une mine affligée. Elle n’a pas fermé l’œil, Sophie, et c’est finalement un maringouin qui sifflait trop dans ses oreilles qui l’a sortie de ses couettes, l’obligeant à reprendre du poil de la bête pour affronter cette journée. C’est ensuite l’impatience et l’excitation qui sont venues balayer tout ça, lui permettant d’arriver jusqu’au grand hall de l’aéroport. Elle finit par avoir des formications dans les jambes à force d’attendre debout. Le cœur de la mère déborde en l’apercevant, mais c’est à une mise à distance qu’elle doit s’accommoder. « Maman arrête, tu me gênes. J'ai plus cinq ans. » lui dit-il tout en faisant preuve d’éreutophobie. Elle arrête sa caresse, son geste tendre, laisse retomber son bras contre son corps. La Harper, elle a passé son temps à se persuader qu’il allait bien. Parce que s’il était mort quelque part, les autorités du pays en question l’auraient appelé pour prévenir sa famille de la terrible nouvelle. Pas de nouvelles, bonne nouvelle dit-on. Mais Sophie n’a jamais adhéré à cet adage. La distance qu’il y a eue entre son fils et elle, elle ne s’y est jamais faite. Pendant les premières semaines, cela a joué sur son physique. Elle se déplaçait à l’instar d’un patouillard, lourde, courbée. Ils étaient si proches avant ça, se comprenaient si bien. Elle était sa confidente, sa référence. Ils en sont bien loin à présent. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’aurais pas dû te trouver ici. J’avais dit à Jack que je te contacterai quand je serai prêt. » Il a l’air gêné, et en total désaccord avec son geste. Sophie ouvre la bouche puis se ravise. Comment aurait-elle pu attendre chez elle sans en rien faire ? Se rend-t-il compte de ce qu’il a laissé derrière lui pendant tout ce temps ? L’attention du jeune homme s’égare vite ailleurs, dévoilant l’existence d’une personne qui l’accompagne. « Je ne suis pas seul maman. Je te présente Siohban, ma petite amie, et mère de notre futur enfant. » Le sourire qui s’était dessiné sur les lèvres de la mère s’estompe. Son regard tombe sur cette femme. Cette femme qui n’est pas Julianne. Cette femme au ventre arrondi. Et les derniers mots prononcés résonnent dans ses oreilles. « Oh, je… je vois. » prononce-t-elle, se sentant de trop. À vrai dire, elle est clouée et tout ce qu’elle a envie de dire est en fait ineffable. Il lui faut de longues secondes avant de réaliser qu’elle manque réellement de courtoisie. « Sophie, je suis… la mère de Nicholas. » se présente-t-elle à son tour sans être capable d’ajouter quoi que ce soit de positif. Son corps s’est remplié sur lui-même et la méfiance est de mise. Le myocarde déchiré par la découverte et la dure réalité qui se joue devant elle. On l’avait prévenue. C’est une gifle qui fait mal. La vieille femme fait un pas en arrière, malgré elle, et bouscule un homme qui tenait un bouquet de tulipes entre ses mains. Elle se confond en excuses maladroitement longues. Elle est troublée, ne sait plus vraiment quoi faire, Sophie. L’homme s’efface, elle revient aux deux jeunes adultes devant elle. « Je suis désolée, je ne m’attendais pas à ça. » avoue-t-elle, déboussolée. Jack avait-il volontairement omis ce détail ? ou n’était-il pas au courant ? Elle ne se rend même pas compte que c'est de son futur petit-enfant qu'il s'agit. Qui est cette femme ? Depuis combien de temps sont-ils ensemble ? Est-ce elle qui l’a empêché de rentrer chez lui ? Quelle influence a-t-elle sur son fils ? Elle secoue la tête. Alors que les questions se bousculent, la pâtissière fait face, abasourdie, à la fierté portée par la voix de son fils, annonçant la venue de son futur enfant. Lui qui ne se soucie pas le moins du monde de son fils depuis deux ans. Un fils qui a bien failli être la victime des flammes d’un incendie il y a quelques jours. Sophie commence à voir rouge et ses larmes sont ravalées en une fraction de seconde. Car elle ne peut pas faire autrement que de défendre Ben, et une part de Julianne en même temps. « Qu’est-ce qu’il te faut pour être prêt au juste, Nick ? Parce que vu d’ici, tu n’as pas l’air d’avoir été traumatisé par les deux dernières années qui se sont écoulées. » Ni même de se soucier de savoir comment va son fils. Mais ça, il parait que c’est parce qu’il l’a oublié. Elle ne peut pas y croire, non. C’est trop difficile à assimiler.