(outfit) Elle n’était pas d’accord au premier abord Sophie. Elle aurait aussi souhaité venir mais bien des aspects la retienne à San Francisco. Son petit-fils dans un premier temps à qui il serait bien compliqué d’expliquer qu’ils allaient demander à son père de revenir car celui-ci n’envoie pas véritablement les cartes qu’il reçoit régulièrement. La pratique n’était pas parfaite mais que pouvait-elle faire ? Dire à Ben que son père ne veut plus de lui ? Que son père est parti sans jamais se retourner et que personne ne sait véritablement où il est à ce jour ? Est-il seulement dans un bon état ? Après de nombreuses recherches et une jolie somme donnée à plusieurs personnes, il avait retrouvé la trace du dernier de la famille Harper. Ce garçon qui durant des années avaient été le bijou de sa mère avant de détruire son cœur en même temps que sa propre vie. Il ne pouvait véritablement juger Jack, il n’aimait simplement pas l’état dans lequel toute cette histoire mettait sa bien-aimée. La réaction dont elle avait fait preuve alors qu’il avait émis le fait de savoir où pouvait se trouver son garçon le prouvait. Le fait qu’il avait mis plusieurs jours avant de retrouver un semblant de conversation sur cela ou plutôt de conversation qui ne partait pas en dispute en disait long. Elle souffrait et il était à peu près persuadé que Nicholas devait souffrir également sauf s’il était devenu sans cœur suite au traumatisme de la mort de son épouse. Venu en Irlande exprès, il savoure l’air rafraichissant de l’été du nord tout en regardant ce morceau de papier qu’on lui avait donné où l’adresse du jeune Harper était marquée dans une écriture non appliquée. Une veste hissée sur ses épaules, il s’avance dans la rue encore légèrement humide de la pluie de la nuit le milliardaire. Bien décidé à ramener le garçon de la femme qui a toujours fait battre son cœur, il a plusieurs scénarios en tête Jack, mais il ne sait absolument pas à quoi s’attendre. Heureux finalement qu’elle ne soit pas là la boulangère. Pas parce qu’il ne souhaite pas sa présence, bien au contraire, mais bien parce que les émotions ressenties seraient immenses pour elle et si son fils refuse à revenir, en le lui disant droit dans les yeux, pourrait-elle-même se relever ?

Il n’a vu que des photos du garçon, mais se doute qu’il saura le reconnaitre s’il le croise. Pourtant, après une journée complète dans la ville, il ne l’avait croisé. C’est bien décidé qu’il frappe à l’adresse, attendant que quelqu’un vienne ouvrir. Répétant plusieurs phrases dans son esprit, il sait qu’il sera naturel, mais que dire à un jeune homme qui ne vous connait pas alors que vous êtes l’amant de sa mère et que vous voulez simplement le ramener à la maison par tous les moyens possibles ? Il en rit presque le Fitzgerald, se retournant tout sourire, pour faire face… à une jeune femme. Son sourire s’efface et c’est l’intrigue qui prend sa place sur sa peau légèrement ridée aujourd’hui. « Bonjour, je suis désolé de vous importuner, mais je ne suis pas chez Nicholas Harper ? » C’est maintenant sur le visage de la jeune femme que l’on peut voir de nombreuses questions. « Si, mais il n’est pas encore là, vous êtes ?» « Je manque à toutes mes manières, Jack Fitzgerald, je suis… un ami de sa mère, je souhaitais lui parler et m’assurer qu’il allait bien. Est-il possible de l’attendre ou dois-je revenir plus tard ? » Il sourit légèrement Jack et comme toujours, arrive à sa fin. Parce qu’il a ce tact, ce bagou qui l’a mené bien loin dans les affaires. Rapidement sur le canapé de l’appartement, il sirote un thé gentiment préparé la jeune femme. Il reste courtois, poli, et ne donne rien de plus que ce qu’il peut, ce qu’il doit, ce qu’il croit être correct. Il a donc facilement dérivé sur sa propre vie, évitant alors de parler de celle des Harper, sujet sur lequel il n’est pas le plus à l’aise en l’absence de la matriarche de cette famille. Les clés tournent dans la serrure de la porte d’entrée et rapidement le son de la voix d’un homme vient à ses oreilles. Nicholas. Il ne le connait pas mais le pari, parce que c’est chez lui, mais également par ce timbre de voix étrangement similaire à celui de sa mère et avec des teintes de celui de Tomas, homme qu’il avait brièvement rencontré avant de demander à Sophie de s’en allait avec lui, chose qu’elle avait refusé à l’époque… En un rien de temps, la jeune explique trop rapidement la situation au jeune Harper avant de se trouver une excuse pour s’éclipser, les laissant gérer « entre homme » cette « affaire de famille ». Se sentant comme un escroc d’un coup, il se lève alors que la demoiselle s’évapore déjà dans l’entrebâillement de la porte. Se levant, il tend la main Jack, comme la coutume le veux. « Bonjour Nicholas, je suis désolé de m’imposer de la sorte. Je me présente, Jack Fitzgerald, je suis… l’ami de ta mère et j’ai souhaité venir te rencontrer afin de comprendre un peu mieux la situation entre vous, parce que cela la fait grandement souffrir et je reste persuadé que tu n’aimes pas cela non plus. » Sans savoir pourquoi, il omet de parler de Ben qui doit être celui qui souffre le plus dans cette histoire, mais dans un instinct il n’en parle pas, comme s’il savait que ce n’était pas la chose à faire, parce qu’un père qui ne prend pas de nouvel de son enfant, a forcément une raison légitime, non ? Cela ne peut être le manque d’amour envers lui… « Je sais que tu ne me connais pas, je sais que tu n’as probablement pas envie d’en parler et encore moins avec moi, mais je sais aussi que par amour pour ta mère, je ne partirais pas d’ici sans la certitude que tu reviendras vers elle. » Il est ferme dans ses propos mais bienveillant, pas un mot plus haut que l’autre, parfaitement dans sa ligne et droit dans son esprit. Un homme d’affaire mais aussi un être humain doué d’une intelligence émotionnelle qui l’aide au quotidien, il sait qu’il finira par obtenir son dû. Sophie avait fini par lui revenir, non ?

(outfit) Virant de l’intrigue à la colère, le visage du Harper devient presque blafard mais rouge à la fois alors qu’il parle simplement Jack. Il allait être probablement plus ardue que prévu de tenir cette conversation et surtout de le ramener à la maison. L’enjeu était de taille, non seulement pour le bonheur de Sophie mais aussi et surtout pour l’avenir de ce petit garçon qui grandissait actuellement dans la maison de sa grand-mère pensant inlassablement que son père toujours en mouvement, lui envoie des cartes postales du monde. La voir faire, le voir les recevoir était devenu douloureux pour le milliardaire qui n’aimait pas cette mascarade qu’elle s’obliger à subir. Mollement, il répond à sa main tendue et il comprend le Fitzgerald, qu’il va devoir en avoir sous le capot pour tenir cette conversation des plus agréable. «  pour quelqu’un qui n’est qu’un ami de ma mère, vous vous êtes donnés beaucoup de mal pour me retrouver. Encore plus surprenant compte tenu du fait que je ne vous ai jamais vu de ma vie. » Il n’était pas certain d’avoir dit qu’il n’était qu’un ami, mais bien l’ami de sa mère, mais il ne peut en vouloir de la confusion qui l’amuse presque. Est-ce que le voir dans sa vie suffisait à vouloir le ramener ? Le garçon n’est pas prêt, cela est certain, mais il n’a pas non plus le calibre et le répondant des hommes d’affaires que le PDG a croisé toute sa vie. Si les émotions sont mêlés à cette conversation, il ne se laisse pas être ébranler, et trouve même une sorte d’amusement dans la discussion, préférant ôter les sentiments qu’il éprouve pour la mère de ce jeune homme pour le moment, rien qu’un instant, évitant ainsi tout enflammement incontrôlé de sa part, venu d’une pic sur la femme de sa vie. Il boue le garçon, il tente légèrement de cacher une rage qui sommeille en lui comme une carie en formation qui se réveille pour venir vous faire hurler de douleur. « Ah voilà qu’on y voit plus clair. L’amour. Vous êtes donc amoureux de ma mère, voilà qui explique votre venue. » Ce n’était pas le secret à dévoiler mais si cette annonce pouvait le faire changer de point de vu alors il acceptait cette répartie. Pourtant, cela ne fait que renfermer Nicholas qui se cache de plus en plus dans son mal. « Qu’on soit clair d’emblée et qu’il n’y ait pas de malentendu. Cela ne vous regarde pas. Qu’importe ce que vous êtes pour ma mère, vous n’êtes rien pour moi. Je ne vous dois rien, et certainement pas la moindre certitude.» Contre toutes attentes, il sourit Jack, voyant parfaitement des mécanismes de protection chez le jeune Harper. Il ne le dira pas à voix haute que dans un choc équivalent au sien, sa mère réagirait probablement de la même manière. S’enfermer, s’éloigner, et grogner sur tout ce qui pourrait nous ramener à une réalité que l’on a fui pour notre santé mentale. « Alors vous pouvez repartir d’où vous venez, car vous n’aurez pas plus d’informations de ma part, et encore moins une confirmation que je reviendrais vers elle ou non. » Il se décale Nicholas, montrant la porte d’entrée mais il reste parfaitement droit sur ses deux jambes le vieil homme. S’il a oublié le minimum de bienséance, il ne frappera probablement pas un homme qui pourrait être son père en âge, et même s’il le faisait, il accepterait Jack, mais jamais il ne bougerait, pas tant qu’ils n’auront pas eu de conversation. « Tu ne me dois rien tu as parfaitement raison, mais cela tombe bien, ce n’est pas pour moi que je suis ici. » Il a l’air perdu le brun, il a l’air de broyer un noir permanent et de se battre contre un arc de sa vie. Enfermé dans la cellule de son esprit, il n’est pas le garçon décrit par sa famille, il est perdu, il est lointain et pourtant, c’est toute une vie qu’il s’est reconstruit ici. « Je ne souhaite pas des informations, je ne suis pas un indic, je viens pour savoir si tu vas bien et surtout pour que, même sans confirmation de ta part, je puisse affirmer que tu débutes la réflexion Nicholas. » Il est calme dans ses propos, il sait que cela peut être énervant, mais en aucun cas, il ne le suivra dans l’escalade de l’énervement. « Si tu préfères, prends-moi comme un client que tu servirais et avec qui tu finirais par discuter. » Il ne sait pas véritablement où il va Jack mais il continue et questionne. « Je n’ai pas besoin des réponses, je voudrais toutefois que tu te répondes à toi-même, pourquoi ne pas simplement donner des nouvelles ? Pourquoi refuser tous les contacts ? Qu’est-ce que ta famille a fait pour mériter cela ? » Ils ont pu ne pas le comprendre, ne pas le soutenir à la hauteur des besoins qu’il pensait avoir mais est-ce que des années dans le noir était une punition adéquate ? Est-ce que se laisser tomber en profondeur dans les abysses de sa colère comme il le fait actuellement, vaut le coup ? Se rappelle-t-il au moins les raisons qui l’ont poussé à ne plus jamais reprendre contact ? Ou a-t-il seulement peur d’y retourner par honte ? Il ne veut pas le brusquer, pas pour ce soir nécessairement, il a le temps, mais au moins qu’il se questionne, qu’il recherche et peut-être qu’il finisse par comprendre Nicholas qu’il n’y a plus de sens à son désarroi ?