loving you is a losing game (livion)

loving you is a losing game

@Newton Wilder loving you is a losing game (livion) 3750400979

(décembre 2020)

Les semaines ont passé ; Livio demeure blessé.
Newton lui manque, & il ne sait même pas pourquoi. Certes, il y a le sexe & le plaisir. Mais d’après Rhodes, ça n’a jamais été l’essentiel d’une relation - quelle qu’elle soit. Alors, pourquoi pense-t-il aussi souvent à son amant perdu ? Pourquoi espère-t-il encore chaque jour que ce dernier frappe à sa porte & l’embrasse comme si sa vie en dépendait ? Pourquoi se souvient-il encore de l’odeur de sa peau ? de la douceur de ses cheveux ? de la tendresse de ses lèvres ? de l’intensité de ses gémissements ? Pourquoi Newton hante-t-il encore si fort ses pensées ? L’Amour qu’il éprouve pour lui est-il donc plus fort & plus ancré qu’il ne le pensait ?

Indécis, le disquaire se change plusieurs fois. Il alterne entre une chemise en lin & un t-shirt éclaboussé de motifs ; entre un pantalon léger & un jean clair ; entre des bijoux plutôt chics & d’autres tape-à-l’œil. En fin de compte, Livio enfile un pantalon bleu clair -si bien taillé que ses formes sont délicieusement mises en valeur- & une veste excentrique, qu’il laissera ouverte sur son torse naturellement hâlé. Ce soir, le but est de plaire & de séduire.
Clés en main, le brun referme la porte de son appartement & traverse le parking jusqu’à sa voiture.

L’esprit désinhibé, Livio s’élance sur la piste. Sa démarche de feu attire les regards ; de son déhanchement décomplexé aux mouvements des muscles de son torse, en passant par son sourire étincelant. Mais ce n’est rien, comparé aux quelques réactions qu’il déclenche dès qu’il se met à danser. Il a cette façon bien à lui de bouger, il a ce petit quelque-chose qui ne s'explique pas, qui ne se décrit pas non plus. Toujours est-il que, dès qu'il enchaîne ses gestes, les regards se posent sur ses courbes délicieuses.

Au comptoir, deux femmes l’observent & discutent entre elles. L’une semble particulièrement intéressée par le beau brun, qu’elle a remarqué dès son arrivée.

- Mais vas-y, tu n’as rien à perdre, l’encourage son amie. Si tu ne tentes pas ta chance, quelqu’un d’autre le fera à ta place, sois-en sûre. & peut-être même que ça sera moi !

loving you is a losing game

feat. @livio rhodes (décembre 2020)
(outfit) Les semaines ont passé ; Newton s’est terré dans sa solitude.
Les premières journées ont été les plus pénibles. La tentation s’est montrée grande, lorsqu’il traversait le quartier d’Outer Sunset sur sa bécane ou que ses affaires nocturnes l’attiraient près du quartier où réside Livio. Le manque s’est creusé une place dans son ventre, dans son cœur. Bien trop fier pour l’admettre, bien trop borné pour se décider à aller toquer à sa porte afin de lui demander des excuses, il s’est tenu éloigné de tout ce qui pouvait se rapprocher de Livio. Il n’a pas mis un pied dans son immeuble, encore moins dans son appartement. Il ne lui a pas envoyé un seul message, ne l’a pas appelé une seule fois.
Mais le manque s’est niché comme un animal perfide dans chaque cellule de son corps. Et pour faire taire ces émotions déroutantes auxquelles il n’avait pas envie et n’était absolument pas prêt à faire face, Newton s’est enfermé dans sa prison personnelle. Il s’est concentré sur son rôle auprès de son clan, demandant à participer au maximum de réunions, de rencontres, de missions possibles, ceci afin de garder son esprit toujours occupé et de pouvoir évacuer son trop plein d’émotions refoulées lorsqu’il en avait l’occasion, notamment lors de rencontres animées face à d’autres clans sévissant dans la ville. À plus d’une reprise, le biker est rentré au loft de River avec le visage défiguré, avec le corps recouvert de bleus, avec des plaies plus ou moins sévères. Mais la douleur ne lui faisait pas oublier Livio.
Alors à côté de ça, il s’est enfermé davantage dans l’enfer fait de poudre et de pastilles colorées qu’il côtoie depuis bien trop d’année. Ne passant pas une nuit enfermé chez lui, il a fait fleurir ses affaires, n’arrêtant pas son commerce avant que le jour ne se soit levé. Et évidemment, il n’a pas lutté et à lui-même plongé tête la première dans la spirale infernale de la drogue. Sa consommation est montée en flèche, si bien que son esprit s’est mis à oublier certaines bribes de ses soirées et de ses journées. Livio, quant à lui, restait persistant dans son esprit, à son plus grand malheur.

Ce soir-là, au moment d’entrer dans cette boîte de nuit, il n’a aucune autre intention que celle de pouvoir vendre quelques sachets de poudre blanche et de pilules délirantes gardés précieusement dans la poche interne de sa veste en cuir. Commençant par commander une bière, il slalome au milieu de la foule, proposant ici et là un de ses trésors. Il essuie quelques refus, mais la plupart des personnes fréquentant cet endroit ne sont pas contre l’idée d’accompagner leur verre d’alcool d’un peu plus de folie.
Plutôt satisfait, Newton finit par s’installer au comptoir et s’autorise un rail de cocaïne rapidement inhalé sur le dos de sa main avant de commander un verre de whisky. Sirotant le liquide ambré avec délectation, son attention est rapidement attirée par une jeune femme qui, installée un peu plus loin, lui fait signe. Il l’interroge de son regard encore souligné par les marques de sa dernière mission avec les Hells, et elle lui indique d’un geste de la main d’approcher. Il ne se fait pas prier et, son verre en main, efface la distance qui le sépare de la jolie blonde, qu’il devine accompagnée d’une amie.

- Il paraît que tu vends de l’ecstasy ?, lui demande-t-elle en rapprochant ses lèvres de son oreille, criant presque pour passer par-dessus la musique.

Newton recule son visage et laisse un sourire en coin se dessiner sur ses lèvres. Mi-charmeur, mi-énigmatique, le but est bien évidemment de parvenir à lui vendre quelque chose. C’est sur un ton sous-entendu qu’il répond à la demoiselle avant d’avaler une nouvelle gorgée de son whisky.

- Il paraît.

Ses yeux se perdent alors sur la deuxième jeune femme, dont l’attention semble portée ailleurs. Curieux, il regarde dans la même direction qu’elle et son cœur se renverse soudainement dans sa poitrine.
Au milieu de la foule, resplendissant comme jamais, Livio est en train de danser sur le rythme de la musique. Ses boucles brunes valsent autour de son visage souriant et ses hanches dessinent des cercles dans des mouvements qui ont le don de réveiller immédiatement les flammes endormies dans le myocarde et le corps de l’ange des enfers.
Captivé pendant quelques secondes, il est rapidement rappelé à l’ordre par celle qui tente de faire affaire avec lui. Il secoue alors légèrement la tête dans l’espoir de remettre de l’ordre dans ses idées et pose à nouveau ses yeux et son sourire sur la blonde avant de sortir les différents sachets qu’il propose à la vente. Il met intérieurement tout en œuvre pour ne pas laisser ses yeux dériver jusqu’à Livio. Livio dont il sent la présence même sans le regarder. Livio qui hante ses pensées et l’empêchera très certainement de passer le reste de sa soirée sereinement.

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les awards de la fierté:

Dernière édition par Newton Wilder le Mer 19 Juil - 14:44, édité 1 fois

Newton hante ses pensées.
Jour & nuit. Matin & soir.
À chaque instant de la journée.
A chaque coin de rêve.
Sur chacune des touches de son piano.
Souvent, lorsque le soleil disparaît dans l’horizon, les notes s’élèvent & s’enchaînent sur la mélodie de son cœur brisé. Livio compose. Encore & encore. Il vide ses tripes. Il crache ses sentiments & -surtout- ses ressentiments. Il souffre au point, parfois, de piétiner sa fierté & d’entamer quelques messages sur l’écran de son iPhone.
Il n’a jamais rien envoyé.
Tous les deux ont des attentes différentes, il est donc temps pour l’Anglais de tourner la page, d’oublier cette histoire pour laquelle il aurait très probablement déplacé des montagnes, & d’accepter que son amant ne revienne jamais.

Enveloppé dans son aura magnétique, Livio danse comme si demain n’existait pas. La musique le traverse, le galvanise & flanque un sourire plein de lumière sur son visage. De temps en temps, ses yeux se ferment, le plongeant doucereusement dans un monde qui n’appartient qu’à lui. & puis il se balance, & se déhanche avec un naturel venu d’ailleurs.
Lorsqu’il ouvre de nouveau ses paupières, le musicien décide de rejoindre le bar. Ses pas le guident jusqu’au comptoir, où il s’accoude d’abord sans que son attention n’aille au-delà de son champ de vision. Même s’il est venu ici dans le but de ne pas rentrer seul, Livio reste de ceux qui prennent leur temps. & là, tout de suite, il ne tend qu’à s’amuser sur le rythme des basses, ou sur les flots d’un verre d’alcool.

Hélas, de la même manière qu’il semble incapable d’oublier la douceur des folles mèches blondes de Newton, l’intensité de ses gémissements, la tendresse de ses lèvres ou encore l’emplacement de chacun de ses grains de beauté, Livio n’est pas non plus parvenu à oublier son parfum. Alors, quand ces effluves boisées valsent jusqu’à lui, le cœur du brun se renverse. Naturellement, il se retourne. & quand ses prunelles percutent les siennes, plus rien n’existe. La musique s’opacifie, les conversations s’amoindrissent, & les corps disparaissent. Il n’y a plus que Wilder. Wilder, plus beau que jamais. Wilder, qu’il rêve d’étreindre & d’embrasser, qu’il rêve d’emmener dans son petit appartement, qu’il rêve d’aimer sans jugement. Il n’y a plus que lui, qu’eux deux.
& l’impossibilité de leur Amour.
Parce que celui-ci est à sens unique.

Après cette douloureuse piqûre de rappel, Livio détourne son regard & commande un Gin Tonic.

- Tu nous accompagnes ?

Livio met un moment à comprendre que cette question lui est adressée. Aussi surpris que décontenancé, le pianiste plonge ses yeux dans ceux de la jeune femme -dont les joues rosissent aussitôt- & il ne lui faut que quelques secondes pour comprendre que ce « nous » englobe son amie,… ainsi que Newton. Osant un regard dans la direction de son amant, Livio impose un silence. Pendant ce temps, il échange son Gin Tonic contre quelques dollars & sirote une gorgée. Sa langue passe contre ses lèvres. Une boucle brune tombe sur son front ; il ne la chasse pas.

- Ça dépend, dit-il en se retournant, afin de caler ses reins contre le comptoir. Qu’est-ce que tu proposes ?

La lumière ricoche contre son torse recouvert d’un voile de sueur. & si Livio n’est pas assez séducteur pour s’en rendre compte, ce n’est pas le cas de la jolie brune qui semble vouloir ne faire qu’une bouchée de lui. Elle s’approche, d’ailleurs, après avoir coincé un cachet d’ecstasy entre ses dents d’une manière suffisamment explicite pour que n’importe qui saisisse ses intentions. &, ses doigts pâles frôlant le torse de sa proie, elle ose se hisser sur la pointe des pieds pour rapprocher leur visage. Si l’Anglais ne bronche pas, de prime abord, & s’il ferme même un peu les yeux au moment où sa bouche effleure la sienne, il finit tout de même par se détourner. Pas pour ne pas froisser Newton (il se doute que ce dernier n’en à rien à faire de ses agissements), mais parce qu’il n’est pas attiré par elle, tout simplement.

- Désolé, ce n’est pas vraiment mon truc. La drogue, précise-t-il.

Sans se retenir davantage, Livio s’empare du regard de Newton. Il s’imprègne égoïstement des traits de son visage, se rappelle de toutes les nuits qu’ils ont partagées, de toutes ces heures passées à l’observer, & de toutes ces choses qu’il aurait aimé lui partager.
& puis, il se décolle du comptoir.
Parce qu’ils se sont promis de tout arrêter, de ne plus se fréquenter.

- Bonne soirée.

you left me in the hallway

feat. @livio rhodes (décembre 2020)
Le biker a beau mettre tout en œuvre pour garder son attention focalisée sur son interlocutrice, ses prunelles sont irrémédiablement et inlassablement attirées par Livio. Livio qui n’a de cesse de faire bouger son bassin dans des mouvements circulaires dont lui seul a le secret. Livio qui resplendit comme jamais dans sa tenue aussi excentrique que sexy. Livio qui le rend dingue à distance et lui donne envie de le rejoindre sur la piste de danse. Il se gifle mentalement à plusieurs reprises, Newton, et essaie tant bien que mal de garder le fil de la conversation que sa cliente semble vouloir tenir avec lui.
En plus de vouloir lui acheter quelques pilules colorées, la jolie blonde adresse au motard des regards remplis de mille sous-entendus. Sa main se perd même volontairement vers la sienne, ses doigts effleurant les siens lorsqu’il pose sur le comptoir le sachet contenant l’ecstasy qu’elle souhaite acquérir. En temps normal, Newton aurait apprécié ce type d’interaction et se serait donné à cœur joie pour entrer dans le numéro de charme de la jeune femme. Mais ce soir-là, il reste parfaitement hermétique à la séduction dont elle fait preuve. La faute à Livio qui se rapproche dangereusement du bar et que l’ange des enfers suit du regard sans pouvoir s’en empêcher.
Il l’observe qui s’avance au rythme de la musique, continuant de remuer sa tête, les yeux par moment à demi-clos. Il détaille son profil lorsqu’il s’appuie contre le comptoir : de sa chevelure rendue indisciplinée par la chaleur ambiante à la sueur qui perle légèrement sur son front, témoignant de ses mouvements de danse endiablés ; de ses lèvres brillantes qui bougent pour héler un serveur au bras qu’il tend pour attirer l’attention ; des franges de diamants argentés qui pendent le long de son dos et mettent en évidence les traits de ses reins apparents au tissu de soie soulignant parfaitement les courbes de ses fesses tenues légèrement en arrière.
Le rythme cardiaque de Newton accélère doucement et il sent la chaleur se répandre dans son corps et dans sa tête sans qu’il ne puisse rien contrôler. Si bien que, Lorsque Livio tourne la tête et que leur regard s’attrapent aussitôt, son myocarde explose. Tout autour de lui se fige, comme si le temps avait arrêté sa course et qu’ils étaient les deux seuls êtres humains à continuer d’exister.
L’instant partagé dure quelques secondes jusqu’à ce que Rhodes détourne son regard. La vie reprend son cours. Newton entend à nouveau le brouhaha des voix se mêler aux basses assourdissantes. Il perçoit à nouveau les corps qui dansent, qui se déplacent, qui rigolent autour de lui. Et parmi eux, celui de la jeune femme qui n’a pas cessé de lui sourire et tient toujours sa main par-dessus la sienne.

- Donc, tu m’as dit que c’était combien ?, lui demande-t-elle dans un sourire charmeur, ce qui termine de ramener le Hells Angels sur terre.

Il lui donne son prix et il voit son regard se voiler. Mais la demoiselle est de ces personnes intrépides qui ose user de ses charmes pour obtenir ce qu’elle désire. Ainsi, elle remonte ses doigts dans une caresse sensuelle le long du bras du motard, jusqu’à aller jouer nonchalamment avec une des mèches dorées de ses cheveux.

- On peut peut-être s’arranger…, minaude-t-elle en penchant son buste vers lui.

Il la regarde, hausse d’abord les sourcils avant de les froncer. Il lui répète alors son prix d’un ton sec, lui faisant bien comprendre que seul l’argent l’intéresse. En ce qui concerne son business, Newton a toujours été stricte. S’il a plus d’une fois accompagné ses ventes d’expériences plus intimes, il n’a jamais échangé le moindre gramme de poudre ou de pilule contre autre choses que des billets. Alors il toise la demoiselle d’un regard sérieux et fait glisser le sachet sur le comptoir jusqu’à lui, prêt à le ranger.

- Trente dollars, ou aucun de ces cachets ne terminera sur ta langue.

La mine séductrice de la jeune femme disparaît et elle acquiesce d’un signe de tête avant de tirer trois billets qu’elle lui tend. Newton les récupère dans un sourire satisfait et lui donne le sachet de comprimés en échange. Les pilules terminent rapidement entre les doigts des deux amies, et la brunette, que le motard avait complètement oubliée, en profite pour s’approcher de Livio. Il essaie alors de ne pas regarder dans leur direction, avalant le reste de son verre avant d’en commander un autre.
Mais une nouvelle fois, ses yeux sont attirés comme des aimants par l’aura de celui avec lequel il a partagé tant de nuits torrides. Il le voit, adossé au bar, ses yeux posés sur la jeune femme qui met tout en œuvre pour le séduire. À l’intérieur de lui, c’est une bataille qui éclate. D’un côté, son cœur se tord douloureusement, étranglé par un sentiment de jalousie et de possession maladive. De l’autre, sa raison balaye toute émotion qui essaie de se frayer un chemin jusqu’à sa conscience. Impassible, il ne peut pourtant s’empêcher de serrer les dents.
Alors, pour faire taire le maëlstrom d’émotions qui tente de s’emparer de lui, il sort un comprimé d’ecstasy de sa poche et l’avale sans même le laisser fondre sur sa langue. Il récupère son verre de whisky qu’il paie et avale d’une traite, dans une légère grimace. Cela ne lui ressemble pas, de mélanger différentes drogues au cours d’une même soirée. Pour garder le contrôle, Newton a toujours fait en sorte de maîtriser sa consommation en ne faisant aucun mélange et en choisissant sa came selon son état mental : la coke au quotidien, pour le fun et pour apaiser sa dépendance ; l’ecstasy quand il a besoin d’éteindre son esprit pour un temps ; l’héroïne quand les journées sont sombres et qu’il ressent la nécessité de flirter avec la mort. Ce soir, pourtant, alors qu’il avait l’intention de s’amuser uniquement, il ressent le besoin de faire taire les pensées parasites qui s’accumulent dans son esprit.
Les effets ne sont cependant pas assez rapides pour l’anesthésier et lui faire oublier la présence de Livio qu’il voit en train de repousser les avances de la brunette. Ses paroles se glissent jusqu’à ses oreilles, mais il ne les analyse pas. Il se contente de plonger ses obsidiennes dans les yeux de l’Anglais lorsque celui-ci les repose sur lui. L’électricité crépite, l’alchimie se réveille et il entrouvre les lèvres sur des paroles qui ne sortiront jamais. Parce que sa conscience refuse d’admettre l’indicible.

Alors Livio brise tout contact entre eux, leur souhaite une bonne soirée et s’éloigne du bar. Il faut quelques secondes à Newton pour qu’il cesse de le suivre du regard et reprenne ses esprits. Il entend les deux jeunes femmes radoter sur la manière dont elles ont toutes les deux été éconduites, et c’est sans même leur dire au revoir qu’il range ses affaires dans ses poches et quitte son tabouret.

Il n’a pas la moindre idée de la raison qui le pousse à poursuivre le brun au milieu de la foule. Lui qui a toujours mis un point d’honneur à respecter la seule et unique règle à ne jamais déroger, à savoir ne jamais partager le moindre contact à l’extérieur de l’appartement de Livio, le voilà prêt à lui attraper la main pour le tirer vers lui et l’embrasser. Il a été le premier à l’aborder il y a de ça plusieurs mois. Sera-t-il le premier à bazarder les règles qu’il impose lui-même depuis la première nuit qu’ils ont partagée ?
Il se faufile au milieu des âmes noctambules jusqu’à rejoindre l’amant de ses nuits, qui s’est remis à danser comme si de rien n’était. Celui-ci ralentit pourtant ses mouvements au moment de le voir s’approcher. Newton lutte, Newton ravale ses ardeurs, Newton enferme à double voire triple tour toutes les émotions qui grimpent en lui à mesure qu’il réduit la distance entre eux. Et il pose sur Livio un regard tout aussi impassible que le reste de son corps. Pourtant, Dieu sait combien il brûle de l’intérieur.

- Elle n’était pas à ton goût ?, le questionne-t-il simplement en approchant son visage du sien de sorte à pouvoir se faire entendre par-dessus la musique. Tu es passé à côté de l’occasion de la ramener chez toi.

La fraîcheur aux notes sucrées du parfum du musicien vient chatouiller ses narines et il se mord la langue par réflexe, pour chasser les envies primaires qui se réveillent subitement dans son cœur, dans son ventre, dans ses reins. Mais la cocaïne, l’alcool et l’ecstasy ingurgités commencent à le désinhiber, lui faisant subir une lobotomie qui lui ferait presque oublier ses principes. Il ne peut retenir ses doigts qui, aussi discrètement que délicatement, viennent effleurer ceux de Rhodes. Leurs yeux s’attrapent une nouvelle fois, leur visage restant si proches qu’il suffirait que l’un d’eux fasse un pas en avant pour que leurs lèvres se retrouvent. Dans la cage thoracique du motard, c’est un véritable concert qui résonne, les battements de son cœur s’accélérant jusqu’à résonner dans ses tempes.

- À moins que ce soit quelqu'un d’autre que tu comptes ramener chez toi, glisse-t-il plus doucement, dans une voix grave empreinte de sous-entendus.

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les awards de la fierté:

Il y a ce sentiment acide qui le terrasse, cette sensation acerbe qui l’assaille & ce goût âpre qui s’entortille autour de son cœur quand -à quelques souffles de lui- la belle inconnue effleure les mèches blondes de son amour perdu. Elle a les yeux comme un ciel étoilé ; elle a les doigts qui s’évadent vers les siens. Mais, qu’en est-il des battements de son cœur ? Bat-il aussi fort que celui de Livio, la première fois (& toutes celles d’après) où son regard a croisé celui de Newton ? Conscient que sa jalousie n’a aucune raison d’être, le disquaire se détourne. Il inspire aussi profondément que possible pour qu’à l’intérieur, les effets de cet ouragan de fortune anéantissent ses sentiments. Il ne peut plus souffrir par amour. Il ne peut plus espérer qu’un jour, l’histoire qui n’existe que dans sa tête s’inscrive dans la réalité.

S’il avait été un de ces types qui profitent des jeunes femmes sous l’emprise de substances plus ou moins fortes, il aurait emmené la jolie brune dans l’une des cabines des toilettes. Il l’aurait possédée comme ça, sans émotions & sans aucune douceur. Il aurait embrassé sa nuque, ses épaules. Il lui aurait susurré des choses qu’il en pense même pas. & il aurait fermé les yeux très fort, en prétendant qu’entre ses bras, Newton le supplie d’y aller encore, encore, encore.
Mais Livio n’en est pas capable.
En tout cas, pas ce soir.
Alors, sans un regard de plus pour la demoiselle, il décolle ses reins du comptoir.
Au-dessus de lui, les néons éclairent son torse humide & luisant de transpiration, dessinent les lignes de ses abdominaux & jettent dans ses boucles brunes l’illusion d’une galaxie. Ses yeux, assombris par le désir & cette possessivité excessive, s’amarrent à ceux de Newton. Newton qui, lui aussi en proie à ses émotions, glisse un cachet d’ecstasy sur sa langue. & ainsi, tous les deux ravalent des mots qu’ils ne pourront jamais dire. L’un parce qu’il n’est pas en capacité d’assumer ses sentiments. L’autre parce qu’il n’a plus la force d’encaisser des paroles blessantes.

S’efforçant de chasser l’obscurité de ses prunelles de jade, Livio étire ses lèvres dans un sourire aussi sincère que possible. Il souhaite aux jeunes femmes, puis à son motard, de passer une belle soirée. & s’en va rejoindre la foule.
Une nouvelle fois, la musique le traverse ; les basses le perforent. & c’est l’entièreté de son corps qui vibre. Ondulant ses hanches d’une manière dont lui seul a le secret, Livio ressent pleinement l’instant. Ce corps est le sien. Il l’accepte & s’y sent bien. Alors, avec un naturel fantastique, il libère ses émotions. Il danse comme si rien d’autre ne comptait, tournant parfois sur lui-même, ou s’amusant sur une démarche aussi féminine que sexy -une main sur sa hanche & l’autre dans ses boucles. & c’est dans cette position, tandis qu’il s’apprêtait à descendre sa main le long de son torse, que son regard se heurte à celui de Newton.
Là, à bout de souffle, Livio cesse ses mouvements. Ses hanches reviennent dans un axe normal. & son souffle se bloque dans sa gorge. La proximité ne le dérange pas, mais elle attise dans le creux de ses reins ce feu qui ne devrait plus le consumer.

- Je pourrais te poser la même question, dit-il, en s’exprimant tout aussi fort. Tu crois ? La soirée n’est pas terminée.

Autour d’eux, la foule continue de danser. Certains les bousculent un peu, par moment. Mais ça ne semble pas les déranger le moins du monde. Livio s’encre dans les prunelles de son amant perdu, & ses yeux dégringolent jusqu’à ses lèvres. Il n’y a rien qu’il ne donnerait pas pour les goûter encore une fois. Une dernière fois. Pétri de désir, il s’approche un peu. La chaleur qu’émane Wilder valse jusqu’à lui & l’enrubanne dans cette bulle secrète. Mais c’est l’effleurement de ses doigts contre les siens qui achève de le rendre fou. Malgré cela, c’est par un sourire énigmatique qu’il répond aux sous-entendus de Newton.

Devant lui, Newton est impassible. L’abysse de ses yeux demeure glaciale. Il n’y a pas d’amour. Juste une envie primaire. Juste une envie à laquelle Livio ne veut plus répondre. L’une de ses mains se lève néanmoins. & la pulpe de ses doigts effleure la mèche blonde que l’inconnue s’est autorisée à toucher, quelques minutes plus tôt.

- Tu m’offres une cigarette ? demande-t-il, tout d'un coup.

Tous les deux se frayent un chemin vers l’extérieur. L’arrière du bar donne sur du vide. Il n’y a rien. Rien d’autre qu’eux deux. & la lune dans l’immensité du ciel. Livio l’observe un instant, avant que Newton ne pointe une cigarette devant son visage. Il l’attrape avec délicatesse & la coince entre ses lèvres. Mais c’est l’ange des enfers qui l’allume, avec son propre briquet. La première bouffée est salvatrice. Le musicien s’en gonfle les poumons, puis exhale un nuage grisâtre.

Pendant que le temps s’étire, Livio s’adosse contre un mur de pierres. La tête en arrière, il frissonne un peu ; la brise légère souffle sur les perles de transpiration qui traversent son torse nu.

- J’ai essayé, tu sais. J’ai essayé de t’oublier, avoue-t-il, dans un souffle proche du rire. Mais je t’ai dans la peau.

Ses joues se creusent autour du filtre. La fumée toxique se déploie dans sa gorge jusque dans ses poumons.

- & je t'arrête tout de suite, je sais ce que tu vas me répéter : tu n'en as rien à foutre de mes sentiments.

Depuis toujours, Livio doute qu'il s'agisse de la réalité. Mais là, dans l'immédiat, il s'agit en tout cas de la vérité à laquelle Wilder s'accroche. Coûte que coûte.

- Embrasse-moi, Newton, demande-il, les volutes de cigarettes s’évaporant dans le néant. Si j’avais su, quand on s’est quittés, qu’on venait de s’embrasser pour la dernière fois, j’aurais fait en sorte de me souvenir de chaque détail. Ça me rend fou. Ça me rend fou de ne plus savoir où j’avais mes mains, & où tu avais les tiennes. De ne plus savoir si tu avais un goût de cigarette, ou un goût de moi.

Le brasier se rallume ; le feu lèche ses reins ; la chaleur se répand dans tout son être.
Il brûle de l’embrasser, de le tenir contre lui, de lui faire l’amour.
De l’aimer jusqu’à ne plus savoir que faire d’autre.

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feat. @livio rhodes (décembre 2020)
L’alchimie qui les attire l’un vers l’autre est réelle et inévitable. Livio, loin d’être dupe, s’en est rendu compte dès le premier instant où leurs regards se sont croisés, au milieu du Neptune. Mais il a eu beau tenter de se faire rendre à l’évidence Newton, ce dernier a toujours nié. Non, il n’éprouve pas la moindre miette de sentiment, ni même de l’attachement pour le brun. Non, il ne désire pas rester chez lui pour échanger quelques paroles ou simplement terminer la nuit dans ses bras après qu’ils ont partagé un moment des plus intimes et des plus fougueux. Certes, il y a du désir, dévorant ; il y a de la passion, démentielle ; il y a du plaisir, explosif. Mais cela n’ira jamais plus loin.
Du moins, c’est ce à quoi l’espace conscient de son esprit s’accroche de toutes ses forces, refusant de laisser le patchwork d’émotions refoulées montrer toutes ses couleurs, toutes plus somptueuses les unes que les autres. Car une part enfouie très profondément du motard rêve de pouvoir passer le reste de ses nuits aux côtés de Livio, de pouvoir glisser dans son oreille des mots d’amour tous plus sincères les uns que les autres, de pouvoir s’autoriser ne serait-ce qu’un chaste baiser en-dehors des murs de cet appartement d’Outer Sunset.
Jusqu’à maintenant, son inconscient n’a fait que perdre les batailles.
C’est donc dans une parfaite impassibilité qu’il approche Livio, qu’il lui adresse la parole dans un détachement des plus parfaits. Mais si l’Anglais se plongeait un peu plus profondément dans ses sombres obsidiennes, il y détecterait certainement les quelques étincelles timides qui y crépitent, tentant de se faire voir, de se faire entendre. Newton se contente de hausser les épaules en entendant la réponse du brun, puis il laisse échapper un léger rire face à son affirmation. La soirée n’est peut-être pas terminée, mais la jolie brune semblait outrément froissée après que ses avances ont été éconduites.

- Crois-moi, tu as laissé passer ta chance, conclut-il dans un sourire faussement désolé.

C’est alors que ses capacités inhibitrices disparaissent le temps d’une seconde, le temps pour ses phalanges d’effleurer avec délicatesse celles de Livio. De quoi faire bondir puissamment son cœur dans sa cage thoracique. Pourquoi Newton n’entend-il pas le chant désespéré que lui hurle son myocarde ? Pourquoi faut-il que sa raison, que ses peurs viscérales soient aussi fortes et l’empêchent d’ouvrir les yeux sur une vérité qui ne demande qu’à être découverte et explorée ?
Le musicien lui sourit, et sa retenue fout un peu plus le camp. Pour se retenir d’enlacer définitivement ses doigts, il recule sa main et serre le poing, enfonçant ses ongles dans sa paume. La douleur le rappelle à l’ordre, pourtant, il ne recule pas, pas même lorsque les doigts de Livio s’approchent de son visage et viennent effleurer avec délicatesse une des mèches de ses cheveux rendue rebelle par la chaleur ambiante. Ses prunelles s’amarrent aux siennes. Peu s’en faut pour qu’il finisse par posséder ses lèvres.
Heureusement, Rhodes lui demande s’il lui offre une cigarette. Question parfaitement rhétorique à laquelle Wilder répond en lui emboîtant le pas, traversant la foule jusqu’à pouvoir se retrouver à l’extérieur. L’air frais lui fait du bien et il prend une grande inspiration. C’est à ce moment précis qu’il se rend compte à quel point son esprit s’embrume de plus en plus au fil des minutes qui s’écoulent. Peut-être n’aurait-il pas dû prendre ce cachet d’ecstasy, tout compte fait.
Dans un mouvement lent, il tire son paquet de cigarette et en sort une qu’il tend vers Livio. Ce dernier l’attrape entre ses doigts, l’amène à ses lèvres, et Newton dégaine son briquet afin d’enflammer l’extrémité de la cancéreuse. Reproduisant ses gestes, c’est une seconde cigarette qu’il extirpe et qu’il coince entre ses lèvres, ceci avant de l’allumer et de ranger son paquet ainsi que son briquet.
Un silence s’installe entre eux. Seul leur souffle se font entendre lorsque, chacun leur tour, ils expulsent la fumée nocive de leurs poumons dans de longues expirations. Le biker évite de croiser les yeux du pianiste, il ne se prive pourtant pas pour détailler son corps. Ses yeux se perdent sur son torse rendu luisant par les reflets de la voûte céleste nocturne. Bon sang ce qu’il doit se faire violence pour ne pas laisser ses doigts se perdre sous sa veste et ses dents se planter dans le creux de son cou.

Livio finit par briser le silence. Et si Newton aurait pu s’attendre à ce qu’il lui ressorte le même discours que lors de leur dernière dispute, il manque de frissonner en l’entendant lui déclarer l’obsession qu’il ressent à son égard. Cela a un goût délicieux, de se sentir aussi désiré, de se sentir autant… aimé ?
Il ne bouge pas pourtant, et aucune émotion ne se dessine sur son visage. Il continue de fumer sa cigarette silencieusement, ses prunelles sombres ne lâchant pas celles, bien plus claires, de celui avec lequel il espère évidemment terminer sa nuit. Un léger rire lui échappe pourtant lorsque Livio affirme savoir qu’il n’en a rien à faire de ce qu’il peut éprouver. Vrai – vrai, réellement ? Dans une ultime inspiration, il consomme les dernières braises de sa cigarette et l’écrase contre le mur, prenant soin d’éloigner sa main de Livio, avant d’enfermer le mégot dans une petite boîte en métal ronde qu’il garde dans sa poche à cet effet.
La voix de Livio sonne alors plus limpide que jamais et fait dégringoler son cœur de mille étages. Embrasse-moi, Newton. Le temps d’une microseconde, la possibilité de lui obéir fleurit dans l’esprit du biker et s’illumine dans ses yeux. Cela s’évanouit tout aussi vite que s’est apparu. Pourtant, son palpitant, lui, continue de battre la chamade, dopé par les mots si simples, mais pourtant si intenses, que Rhodes a prononcés et qu’il continue de déblatérer sans s’arrêter.
Il pourrait entendre la déclaration d’amour dissimulée entre les syllabes qui se sont glissées jusqu’à ses oreilles. Il pourrait y répondre et avouer qu’il est tout autant possédé que lui, tout autant dépendant, tout autant obsédé. Mais il n’en fait rien. Il est cependant incapable d’ignorer le brasier qui s’est rallumé dans ses reins, ce feu que seul Livio est capable de faire brûler avec une si grande et si belle intensité. Ainsi, il regarde à sa gauche, puis à sa droite. La ruelle est parfaitement déserte et silencieuse. Alors, toujours un peu plus désinhibé par les substances consommées au fil de la soirée, il avance d’un pas, puis de deux, sans jamais lâcher le regard de Livio.

- Pas ici, souffle-t-il alors que leur corps sont séparés par un vide quasi inexistant.

Sans un mot, mais les yeux brillant d’une malice libidineuse, il lève la main et pose la pointe de son index contre le creux dessiné entre les deux clavicules du musicien.

- Si ça te rend aussi barge que ça, laisse-moi te rafraîchir la mémoire, continue-t-il d’une voix grondante de désir en glissant son doigt le long de son torse, devinant ses muscles qui se contractent les uns après les autres, jusqu’à son nombril.

Son index dégringole encore jusqu’à la lisière de son pantalon à laquelle il s’accroche le temps d’une seconde avant de la relâcher aussitôt. Newton se recule alors et, silencieusement, alors que la désir ardent qui les relie semble crépiter en millions d’étincelles autour d’eux, il s’allume une deuxième cigarette.

- Je t’attends en bas de chez toi, termine-t-il sans ajouter un mot de plus.

Il attend une seconde, deux secondes. Son regard se plonge dans celui de Livio. Puis il tourne les talons et s’éloigne.
Il rejoint sa moto avec une précipitation retenue. Sa cigarette terminée, il enfile son casque, ses gants et enfourche sa bécane. Il n’attend pas pour démarrer et pour s’engager sur la route. La ville a beau être profondément endormie à cette heure si avancée de la soirée, il se voit tout de même doubler quelques voitures, un bus même, jusqu’à arriver près du quartier où réside l’Anglais. Comme il en a pris l’habitude, il gare son engin à quelques rues de son immeuble et rejoint ce dernier à pied. Lui qui a pour habitude de se montrer le plus discret possible lorsqu’il passe par ici, le voilà qui s’adosse au mur, à deux mètres de la porte d’entrée vitrée donnant sur l’allée, et qui fume avec nonchalance en attendant que Livio arrive.
Une voix le met en garde : et si Livio ne venait pas ? et si Livio en avait réellement assez de lui, de son manque de romantisme et de ce qu’il considère comme un manque de respect ? et s’il ne voulait vraiment plus le voir, malgré toutes les belles paroles qu’il a pu lui offrir tout à l’heure ? et si…
La silhouette de Livio se dessine un peu plus loin, et Newton ne peut s’empêcher de sourire.

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