some days it just gets so hard (livio)

some days it just gets so hard

feat. @livio rhodes (mai 2023)

(song)
C’est un doux dimanche de mai dont les habitants de la ville sur la baie profitent en mettant leur nez dehors. Dans les rues, sur les rives bordant l’océan, dans les espaces de verdure s’amassent familles plus ou moins nombreuses, bandes d’amis plus ou moins bruyantes et couple plus ou moins démonstratifs de leur amour.
Parmi eux, Livio et Newton. Eux aussi ont décidé de savourer les rayons chaleureux du soleil en se promenant d’abord dans le quartier d’Outer Sunset, savourant une glace au détour d’une ruelle avant de rejoindre le Golden Gate Park.
Côte à côte, ils déambulent en se tenant la main. Une habitude que le biker a fini par acquérir, non sans difficulté. Longues ont été les semaines où ses réflexes continuaient à lui faire adopter des comportements de protection, lâchant notamment la paume de son amoureux lorsque le vrombissement d’une moto se faisait entendre. Mais le temps a fait son œuvre et aujourd’hui, Newton assume parfaitement les sentiments qu’il éprouve pour le Rhodes. À croire qu’il a réussi à dompter ses démons.
Ce jour-là lui rappellera malheureusement que ceux-ci peuvent être endormis, mais ne disparaîtront jamais complètement.

Prêtant une oreille attentive à Livio qui lui raconte la soirée de la veille passée avec des amis, le motard met un pied devant l’autre mécaniquement, sans réellement prêter attention à ce qui les entoure. Son ouïe finit par se focaliser malgré lui sur les jérémiades d’un enfant âgé de cinq ans tout au plus. Premièrement agacé par les plaintes du petit garçon, Newton porte son regard obscurci par ses sourcils froncés vers lui. Il aperçoit alors une petite tête aussi blonde que la sienne retenir des larmes pourtant visibles devant un père qui le sermonne. Rien d’anormal jusqu’ici, si ce n’est une scène de famille durant laquelle un papa gronde son enfant.
Mais l’intuition de Newton se réveille. Aussi étrange que cela puisse paraître, il reconnaît la détresse dans les yeux larmoyants du petit garçon. Un nœud se forme dans sa gorge et il est incapable de détourner son regard de ce qui se déroule à quelques mètres, perdant ainsi le fil de sa discussion avec Livio. Livio qui ne manque pas de remarquer sa distraction et le rappelle à l’ordre en lui demandant s’il l’écoute toujours. Le biker reporte son attention sur son amoureux et lui offre un sourire crispé.

- Excuse-moi. Tu disais ?

Mais alors que le brun reprend la parole pour lui répéter le morceau de son histoire ignorée, Newton tourne à nouveau la tête. La voix du père de famille se fait plus forte et il le voit qui saisit brutalement le bras du petit garçon pour le tirer vers lui. L’enfant manque de trébucher et le sang de l’ange des enfers ne fait qu’un tour.

- Eh !, s’exclame-t-il en lâchant la main de Livio tout en se rapprochant de la scène.

Il ne peut pas rester les bras croisés. Pas alors que son instinct lui ordonne de protéger l’enfant au rythme de ses souvenirs lointains mais encore traumatisants.

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les awards de la fierté:

Si les rayons du soleil s'échouent langoureusement contre la peau halée de l'Anglais, la sensation de sa paume lovée contre celle de Newton s'échoue quant à elle délicieusement contre son coeur, & libère une envolée d'endorphine sans pareil. Heureux, comblé & amoureux, Livio s’épanche sur la soirée qu’il a passé avec ses amis. Depuis que son histoire d’amour est au beau fixe, le brun ne se gêne plus pour bavarder sans retenue, inondant l’homme de sa vie d’anecdotes plus ou moins importantes, plus ou moins intéressantes, plus ou moins amusantes. & Newton, bien qu’il soit un amant de peu de mots, n’a plus manifesté de désintérêt depuis… très longtemps. A présent, il se montre plus à l’écoute que jamais, & plus attentif que jamais.
Le pire est définitivement loin derrière eux.

Lancé dans son récit, Livio remarque que l’attention du blond lui échappe. Lui d’habitude si concentré, si présent, semble se fondre puis disparaître dans la brume de son esprit. De temps en temps, ses yeux voguent vers d’autres horizons, vers d’autres bruits, vers d’autres tranches de vies.
Inquiet plus que vexé, Rhodes prononce le prénom de son Amour, le ramenant gentiment au centre de leur bulle.
Ça ne dure qu’un temps néanmoins.
Newton fronce les sourcils, & Livio comprend enfin la raison de ses tourments. A quelques mètres de là, un enfant prisonnier des griffes de son père tremble de détresse. Le brun s’imagine assez aisément à quelle fréquence s’élèvent les réminiscences du motard. Alors sans lutter, il glisse sa main désormais libre dans la poche de sa veste en jean, & se rapproche lui aussi de la scène.

- Quoi ?! beugle le type, tout en fusillant Newton du regard.

Livio fronce les sourcils, & effleure d’une main légère le dos de son amant. Son geste, aussi furtif soit-il, veut dire ‘reste calme, je t’en supplie, ne t'emporte pas’… mais Newton est-il seulement capable de maîtriser le sang qui bat dans ses tempes ? la fureur qui brûle ses veines ? la douleur de ses souvenirs ?

- Il nous semble que votre petit ne mérite pas d’être autant brusqué. Vous devriez faire plus attention, vous lui faites peur, tempère le musicien.

- Il me semble que je n’ai de conseils à recevoir de personne, surtout pas de la part de deux gamins. Cassez-vous. JE décide SEUL de ce que MON gosse mérite ou non. C’est clair ?

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feat. @livio rhodes (mai 2023)

(song)
C’est tendu que Newton met un pied devant l’autre jusqu'à effacer la distance qui le sépare de l’enfant et de son père. Il sent crépiter en lui une haine flamboyante, un sentiment de rage qu’il a éprouvé toute sa vie pour celui qui traitait l’enfant qu’il était comme un moins que rien.
Incapable d’ignorer ce dont il est témoin, il hèle l'homme en s’en approchant. La réponse qu’il reçoit ne fait qu'attiser davantage les flammes qui dansent dans son organisme et font trembler son cœur. Il serre les poings, sourcils froncés et entrouvre la bouche, prêt à remettre le père de famille à sa place.
Mais avant qu’il ne puisse prononcer le moindre mot, il sent la main de Livio, ancre rassurante, se poser dans le creux de son dos. Il n'a pas besoin de mots pour comprendre ce que ce simple geste veut dire. Alors il s'efface et laisse son amant prendre la relève.
Tandis que l’Anglais s'adresse à l’homme face à eux, le biker s'agenouille près du garçon. Avec délicatesse, il pose ses mains sur ses épaules et tente d'attraper son regard.

- Tu vas bien ?, lui demande-t-il doucement mais le plus sérieusement possible.

L’enfant lève vers lui ses yeux céruléens remplis de larmes. La vision qui s’offre au motard fait voler toute sa raison et sa capacité à maîtriser sa rage. Sous l'œil droit du petit garçon se lisent les dernières traces d’une altercation certainement violente, en témoignent les reflets verdâtres mêlés de jaune.
Newton se voit aussitôt transporté de années en arrière. Je suis tombé à vélo… J’ai perdu l'équilibre dans les escaliers… Je me suis pris les pieds dans une branche…
Sans plus être capable de retenue, il se redresse subitement et s’empresse d'écarter Livio pour que ce dernier se retrouve près de l'enfant. Puis il s’avance vers l'homme jusqu'à pouvoir abattre ses paumes contre son torse, afin de le faire reculer d'un pas. Ses yeux, tempête menaçante et foudroyante, se plongent dans les siens tandis que sa voix, plus grave qu’à l’ordinaire, gronde.

- Je crois que tu n’as pas bien compris, connard. Essaie seulement d'attraper encore une fois ton gamin comme ça et je te pète le bras en deux.

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les awards de la fierté:

Tandis qu’il s’adresse à ce père qui n’aurait jamais dû en être un, Livio jette un œil vers les deux têtes blondes un peu plus loin. L’un est son amoureux, celui qu’il aime plus que tout ; & l’autre n’est qu’un petit bonhomme qu’il oubliera probablement dans quelques jours. Tous les deux se ressemblent. & là, tout de suite, le musicien a l’impression de voir deux enfants. Deux enfants marqués par la même détresse, la même souffrance & la même injustice.

L’homme se montre agressif. Il rétorque qu’il n’a de conseils à recevoir de personne, que l’avis de deux gosses ne l’intéressent pas.
Peut-être. Sans doute.
Livio n’en sait rien. Tout ce dont il est sûr, c’est que ce gamin sans défense ne mérite rien de ce qui lui arrive. & que, puisqu’ils sont témoins d’une situation douteuse où la violence règne, les amoureux ont l’obligation d’intervenir.

Les mots au bord des lèvres, le brun est interrompu par l’approche soudaine de Newton. Newton qui, sans surprise, libère ses pulsions & sa rage contre ce père de famille absolument pitoyable. Les menaces acérées glissent sur sa langue, se plantent dans le cerveau du type qui, piqué au vif, repousse le motard.

- Pour la dernière fois, mêle-toi de ce qui te regarde, gronde-t-il. & si tu ne veux pas que je te démonte ta petite gueule devant ton pote, dis lui de retirer ses mains de mon fils. Tout de suite.

Derrière eux, Livio s’agenouille près de l’enfant & efface les larmes qui coulent le long de ses joues. & d’une voix aussi douce que possible, essaye de le distraire. Il lui demande son prénom, son âge, son dessin animé préféré.
Tout, pourvu qu’il n’entende pas la scène qui se joue à quelques pas de lui.

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feat. @livio rhodes (mai 2023)

(song)
L'agressivité et la tension qui émanent de l’homme face à lui alimentent la colère de Newton comme le ferait du petit bois lancé dans une cheminée. Les mains qu’il abat contre le torse du père sont tremblantes et il ne fait aucun effort pour le dissimuler. Ses prunelles assombries traduisent de toute manière sa rage dans ses silences. Si l’autre semble particulièrement irrité par l’intervention du jeune couple -en plus d’avoir été agacé par son fils pour Dieu sait quelle raison-, le biker sent seconde après seconde son animosité grandir et s'éparpiller dans son corps à la vitesse du sang recraché par son cœur au rythme accéléré.
Lorsque l’homme lui siffle son agacement et ses menaces, le visage de son propre père se superpose sur les traits crispés par la colère qui lui font face. Les muscles du motard se tendent et il doit chasser aussitôt les images qui cognent le fond de ses rétines pour ne pas laisser une peur déraisonnable l’envahir. Il se concentre sur sa propre fureur et laisse un rire ironique franchir la barrière de ses lèvres.

- Mais je t’en prie, démonte-moi la gueule et je me ferai un plaisir d’aller porter plainte. Ça servira au moins à ton fils et le sortira peut-être du quotidien de merde dans lequel tu l’enfermes.

Il ne pensait pas que l’autre appliquerait ses dires aussi rapidement. Il n’a pas le temps de prédire le poing qui s'abat dans son visage et manque de le faire s'écrouler au sol. Légèrement sonné, il entend des exclamations de stupeur autour de lui, sans comprendre s’il s’agit de Livio ou des inconnus qui se sont rapprochés de la scène pour jouer les voyeurs.
Par réflexe, il porte sa main vers son nez et constate sans grande surprise qu’il saigne. Cette constatation lui tire un nouveau rire transpirant le sarcasme. Il ne prend alors même pas le temps de commenter ce qu’il vient de se produire. Sans plus réfléchir et se laissant guider par la rage accumulée sur des années et réveillée par ce père violent, il se jette sur l’homme et tous les deux se retrouvent au sol, prêts à se battre comme des animaux sous les regards choqués de l'assemblée autour d’eux.

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les awards de la fierté:

Concentré sur le petit bonhomme, Livio jette tout de même quelques regards aux deux hommes qui se font face. L’un défend son territoire & son attitude pourtant indéfendable, l’autre est aux prises avec son passé.
Les mots volent plus haut les uns que les autres, gorgés de sarcasme & d’animosité.
Jusqu’à l’inévitable.
L’homme envoie son poing dans le visage de Newton, qui vacille & manque de tomber au sol. Stupéfait, l’Anglais se redresse & s’éloigne de l’enfant -lequel libère ses pleurs & ses larmes les plus sincères. Une fois de plus, il est le triste témoin de la violent de celui qui devrait l’aimer plus que sa propre vie, celui qui devrait le protéger envers & contre tout.

- Newton ! crie-t-il. Newton, s'il te plait.

Reculant de deux pas - pour se remettre aux côtés du petit garçon -, Livio essaye d’attraper le regard de l’homme qu’il aime plus que sa propre vie. Il n’aime pas sa violence ; ça lui rappelle à quel point son amoureux est meurtri, à vif, détruit.

- Si tu le frappes, notre plainte perdra de sa valeur & de sa crédibilité, commence-t-il. Si tu le frappes, cet imbécile aura gagné.

Le souffle erratique, le musicien enroule sa paume sur l’épaule de l’enfant. Il ne peut pas l’abandonner comme ça. Il ne peut pas le laisser ici, au milieu des badauds curieux & avides de sensations fortes. Il ne peut pas faire ça, & pourtant Livio voudrait juste réduire la distance qui le sépare de Newton afin de glisser ses doigts entre les sien, & le protéger envers & contre tout.

- Ne fais pas ça, s'il te plait. Pas devant son fils.

Livio se tourne vers le petit être en larmes, l’attrape sous les aisselles & le tient dans ses bras, tout contre son torse. Sans montrer de signes de résistance, au contraire, Sebastian (si Rhodes a bien compris son prénom) enserre son cou & cherche le regard de son père. Parce que lui, il l’aime d’un amour inconditionnel.
Envers & contre tout.
& malgré tout.

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feat. @livio rhodes (mai 2023)

(song)
Alors qu’il chute au sol en emportant le père de famille avec lui, la voix de Livio qui hurle son prénom le rappelle étrangement à la réalité. Plutôt que d’immédiatement décharger sa violence sur son adversaire, il presse ses paumes contre le sol poussiéreux et se relève, ses prunelles ne quittant pas la corpulence de l’homme qui tente à son tour de se redresser.
Sur ses deux pieds, le motard ose un regard en direction de son amoureux, tandis que celui-ci essaie de lui faire entendre raison. Haletant, il regarde Livio, puis le petit garçon. Dans sa tête, tout se mélange : les paroles de son amant, les pleurs de l’enfant, le sang qui bat dans ses tempes, les souvenirs traumatiques de son enfance.
Prêt à renoncer, prêt à choisir la lumière plutôt que l’obscurité, Newton fait un pas en avant pour se rapprocher de celui qui le supplie de s’arrêter. Mais un bras fort enserre subitement son cou et il comprend trop tard que l’homme derrière lui n’a pas fini de lui faire payer son intervention. Cela prend quelques secondes à l’ange des enfers de réaliser qu’il est en train d’étouffer avant qu’il ne parvienne à se libérer de l’emprise de l’autre, usant de son agilité et de sa force. Puis sans attendre davantage, c’est son poing qu’il abat dans le visage du père, suffisamment fort pour le sonner et pouvoir l’empêcher de riposter.
Alors toute sa colère prend le dessus, se répand en lui comme un raz-de-marée de noirceur putride. D’une poigne de fer, il saisit la main de l’inconnu et la tord, resserrant son emprise avec force sur son ossature à tel point qu’un gémissement échappe à celui qui ne parvient dorénavant plus à bouger.

- Tout compte fait, c’est peut-être les doigts que je vais finir par te briser, le menace-t-il d’une voix grondante mais suffisamment faible pour que seul lui puisse l’entendre.

Les sirènes se mettent alors à retentir, et pour la seconde fois, l’attention de Wilder est détournée. C’est ce qu’il suffit pour que l’homme se libère à son tour de son emprise et riposte, déclenchant alors l’échange de coups retardé comme une bombe menaçante.
Quand la police arrive sur les lieux, Newton a le visage tuméfié et rougi de carmin. Le père de famille n’est pas en reste, et lorsqu’un agent le saisit pour l’obliger à reculer, il se débat et crache dans une colère noire à l’égard du biker :

- Va en enfer, connard !

Le motard -qui à l’inverse de l’autre ne se défend pas au moment où un des flics attrape ses bras dans son dos- éclate alors dans un rire sarcastique et démoniaque, laissant ainsi ses propres démons intérieurs jubiler.

- L’enfer ?!, rigole-t-il ironiquement, la voix déformée. Tu connais l’enfer ? Moi, oui. Les gars comme toi n’y survivent pas.

Sa menace plane au milieu de la foule tandis qu’il est emmené près d’une voiture et forcé d’y pénétrer. C’est sans un regard pour Livio, ni pour le petit garçon, qu’il est alors enfermé dans le véhicule et embarqué en direction du poste de police le plus proche.

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les awards de la fierté:

La lumière éclate dans les prunelles de Newton. Elle balaye toute l’obscurité dégueulasse qui macule son âme.
& alors, Livio a l’espoir légitime que cette journée ne se termine pas de manière dramatique. Il a l'espoir sincère que tous les deux reprennent leur promenade comme si de rien n'était. Comme si les démons du motard n'étaient pas revenus grignoter les synapses de son cerveau.
Malheureusement, l’autre type n’a pas les mêmes intentions : en un rien de temps, il enroule son bras autour de la gorge de Newton & l’étrangle sans ciller.
Là, comme ça, devant son fils, il pourrait tuer un homme. & ça ne semble même pas l’atteindre.
Livio hurle. Il ne sait pas quels mots, quelles insultes, quelles suppliques passent la barrière de ses lèvres. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il hurle. & que sa voix surpasse toutes les autres. Le petit garçon sursaute dans ses bras. & affolé, se met à pleurer. Lui que le pianiste était pourtant parvenu à calmer.

Fort heureusement, son amant sait se défendre. Le seul avantage de sa triste vie, c'est d'avoir acquis les réflexes nécessaires à sa protection... & à sa survie.
Ainsi, bientôt, c'est le père de famille qui ploie sous les multiples agressions du motard, vacille & vocifère des jurons déplacés. N'y tenant plus, Livio dépose l'enfant par terre & s'approche. Il se fiche de prendre des coups. Il se fiche de ne pas être à la hauteur - malgré les leçons de boxe que Newton a bien voulu lui enseigner, après l'agression qui aurait pu le laisser handicapé à vie... ou le tuer. Il se fiche de tout ça. Tout ce qu'il veut, c'est s'interposer & emmener l'homme de sa vie loin de toute cette violence.

Au même moment cependant, les sirènes retentissent au loin.
& sans plus de cérémonie, les policiers embarquent chacun d'eux dans des voitures différentes.
Agacé, Livio passe ses mains sur son visage. Plein de bonne volonté, il essaie tant bien que mal d’expliquer la situation aux forces de l’ordre. L’homme en uniforme ne daigne même pas l’écouter, se contentant plutôt de les conduire, lui & son Amour, jusqu’au commissariat.

Arrivé entre les murs, l’Anglais cherche le regard de Newton. Il efface l’infime distance qui les sépare, & amène son épaule tout contre la sienne. Pour l’un comme pour l’autre, le contact physique est primordial, important. Pour eux, il s’est toujours agi d’une façon silencieuse mais essentielle de communiquer.
En étant aussi proche & aussi calme, Livio supplie son homme d’en faire autant, de ne pas mettre d’huile sur le feu. & de ne pas éventrer son enfer personnel entre les murs du commissariat.

- Bon, on est loin de la citronnade en terrasse qu’on s’imaginait, dit-il, pour détendre un peu l’atmosphère. Un rencard au commissariat…, on ne me l’avait jamais faite, celle-là.

Pas vraiment certain que sa plaisanterie plaise à Newton, Livio lui adresse une moue à laquelle il n’a -à priori- jamais su résister.

- Tu me promets de rester calme ? On s’occupera de tes démons plus tard, & surtout pas ici. S’il te plaît.

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feat. @livio rhodes (mai 2023)

(song)

Jetant des regards à gauche et à droite dans l'espoir d'apercevoir l'enfant, Newton est entraîné sans plus de cérémonie dans une des salles d’interrogatoire du poste de police dans laquelle on l’enferme sans lui donner ne serait-ce qu’une bribe d’informations. Alors qu’il demande où est l’enfant, s’il est encore avec son père et ce qu’ils ont fait de ce dernier, on lui ordonne simplement de s’asseoir et d’attendre. Barricadé seul dans la salle, le biker tourne en rond le temps de quelques secondes, nerveux, avant de finalement se laisser tomber sur une des chaises bordant la table trônant au milieu de la pièce.
Heureusement, Livio le rejoint une poignée de minutes plus tard. Newton lève vers lui un regard mi-angoissé, mi-agacé, tandis que ses bras croisés et la jambe qu’il secoue machinalement traduisent sans aucun mal l’état mental dans lequel il se trouve. Sans un mot, son amoureux prend place à ses côtés et se rapproche de lui jusqu’à ce que leur épaule se touchent. Ce contact, aussi simple soit-il, permet au motard de se raccrocher à quelque chose de tangible, de concret, de positif. Alors il expire bruyamment, sans pour autant cesser de secouer sa jambe qui ricoche désormais contre celle de Livio.
Il écoute son amoureux qui essaie gentiment de détendre l’atmosphère en blaguant sur la situation, ce qui, en temps normal, aurait certainement tiré un sourire à Newton. Mais ce dernier est bien trop remué, bien trop remonté pour parvenir à rire de ce qui est en train de leur arriver. Il le regarde alors en fronçant les sourcils et obtient en réponse une moue qui ne le laisse pas indifférent et parvient à détendre les traits de son visage. Livio lui demande alors de garder son calme et de ne pas laisser ses démons intérieurs s’exprimer au cours de l’entrevue qui les attend. Newton pince les lèvres et soupire.

- Je vais essayer…, marmonne-t-il entre ses dents serrées avant de porter son pouce contre sa lèvre afin d’essuyer le sang qui a commencé à sécher contre sa peau.

Au même moment, la porte s’ouvre et un agent de police entre, un dossier en main. Lorsque son visage se dessine sous la lumière aveuglante des néons accrochés au plafond, Newton se renfrogne. Il reconnaît le policier pour s’être déjà frotté à lui à plusieurs reprises, et celui-ci ne fait pas partie de ceux qui collaborent avec les Hells Angels. Bien au contraire.

- Eh merde, souffle-t-il plus pour lui-même qu’autre chose, en s’efforçant à se redresser sur sa chaise.

L’agent leur adresse un sourire narquois tout en s’avançant vers eux. Il leur montre d’un geste le dossier qu’il tient en main. Sur la chemise en carton beige est imprimé le prénom et le nom de Newton.

- Ton casier judiciaire commence à peser lourd, Wilder, ironise-t-il avant de prendre place face à eux.

Les sourcils de l’ange des enfers se froncent davantage. Si l’entrevue débute comme ça, il n’est absolument pas certain de pouvoir garder son calme, comme il l’a promis à Livio il y a de ça quelques secondes seulement. Il ne peut d’ailleurs s’empêcher de répondre sur un ton sarcastique traduisant une amertume qu’il n’essaie même pas de dissimuler.

- Sans déconner ?

Il sent la jambe de Livio appuyer un peu plus contre la sienne, geste censé le rappeler à l’ordre. Le biker déglutit, serre les poings et soupire, dans l’espoir de garder son calme. Le policier commence alors à les interroger, et tous les deux rapportent les faits avec le plus de précision possible. Newton raconte qu’il a vu l’homme empoigner violemment son fils et qu’il a décidé d’intervenir, d’abord en s’assurant que l’enfant allait bien, ensuite en provoquant le père. Livio explique que les choses se sont rapidement envenimées, que l’autre a été le premier à mettre un coup et qu’il a, par la suite, tenter d’étrangler son amant qui était prêt à rendre les armes. L’agent reste silencieux, leur posant de temps en temps une question et se contenant, le reste du temps, de prendre des notes sur un calepin et dans le dossier ouvert de Newton.

- Rajoutez une ligne dans mon casier judiciaire, mettez-moi en garde-vue, je m’en fous. Mais, s’il vous plait, ne laissez pas ce mec repartir avec son gamin, termine le biker, après qu’ils ont terminé leur récit.

La réponse est immédiate.

- Je ne peux rien faire sans preuves.

- Sans preuves ?!, s’insurge-t-il en tapant ses paumes contre le bureau, incapable de se retenir. Le gosse a un putain de coquard sous l’œil, et vous me dites que vous ne pouvez rien faire sans preuves ?

- De ce que j’en sais, il a très bien pu faire ça en tombant de son vélo, répond le policier en continuant d’écrire sans même relever les yeux.

Le regard de Newton s’assombrit soudainement.
Je suis tombé à vélo… J’ai perdu l'équilibre dans les escaliers… Je me suis pris les pieds dans une branche…
Il se revoit, à six ans, sept ans, huit ans, servir le même genre de bobards à sa mère, à son frère, à sa maîtresse pour justifier les bleus apparents sur son frêle corps d’enfant, les nombreux poignets cassés, les brûlures et les plaies couleur carmin. Il connaît bien trop ce genre d’excuses pour parvenir à garder son calme face à l’officier. Pourtant, il se contente d’attraper l’arrête de son nez bordée d’une ecchymose déjà apparent entre ses doigts, appuyant ses coudes contre le bureau, et de soupirer longuement.

- J’ai raconté ce genre de mensonges toute mon enfance. Je sais reconnaître un enfant qui se fait battre par son père.

Les mots sortent d’eux-mêmes, sans qu’il ne se rende vraiment compte de la situation de vulnérabilité dans laquelle il se met. Mais à ce moment précis, seule la sécurité de l’enfant lui semble importante. Le reste importe peu. Il ne s’attend cependant pas à ce que le policier face à lui se montre aussi hermétique à la situation et à ses propos. Secouant sa main libre dans le vide comme s’il balayait les paroles de Newton, il continue de prendre des notes en silence avant de finalement poser son regard sur eux afin de scruter le biker, les yeux légèrement plissés.

- Et tu crois qu’un tel argument, avancé par un mec dans ton genre, va nous servir à quelque chose ?

Au diable la contenance. Wilder se lève brutalement, faisant reculer la chaise dans un bruit de ferraille désagréable, avant de poser sur l’agent un regard noir.

- Un mec dans mon genre ?!, répète-t-il sur un ton mal maîtrisé, laissant s’exprimer sa rage sans plus essayer de la museler.

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les awards de la fierté:

À moitié étonné que sa blague ne rencontre qu’un triste succès, Livio se mordille la lèvre. A ses côtés, Newton lutte contre ses démons les plus agressifs & les plus sournois. Ça se remarque en un seul coup d’œil, pour peu qu’on éprouve un peu d’empathie. Ça se sent partout, dans l’atmosphère. Ça se ressent partout, dans son corps.
Douloureusement impuissant, l’Anglais bloque sa respiration. Il gorge ses poumons d’un air nocif, bousculé d’angoisses & d’appréhension. Comment s’assurer que son amoureux ne partira pas en vrille ? Comment être certain qu’il restera maître de ses émotions ?

Tandis qu’il entrouvre ses lèvres, prêt à lui promettre que tout ira bien (autant pour eux que pour le petit bonhomme), la porte s’ouvre sur un policier vêtu d’un uniforme si serré que ses veines semblent prêtes à exploser. Livio le suit du regard, essayant de jauger sa prise de position dans cette affaire. & malheureusement, à en juger par l’injonction & la moue de son motard, l’interrogatoire promet quelques rebondissements… en leur défaveur.

Le dossier, quand l’agent le lâche sur la table, rebondit lourdement. L’écho du poids délaissé retentit dans toute la petite pièce. Mais ce qui fait sursauter Livio, c’est davantage le regard arrogant du policier que sa démonstration tout en muscles. Ça, ça ne l’a jamais impressionné, de quelque façon que ce soit. Sourcils froncés, il écoute l’échange entre les deux hommes, & déduit sans trop de difficultés que tous les deux se connaissent déjà. Appuyant sa cuisse contre celle de son amant, Livio l’appelle au calme. Si Newton répond aux provocations, sur un ton acerbe qui plus est, l’entrevue risque de s’éterniser & de finir en cellule. & ça, ce n’est pas envisageable. Pas une seule seconde.

D’une voix plus posée, le pianiste relate les faits sans mentir. Il raconte l’agressivité de ce père de famille - sur son fils d’abord, sur eux ensuite. Il explique les gestes déplacés & les coups portés. Mais le policier, hélas, semble n’en avoir rien à faire. Il soupire parfois, lève les yeux souvent. & dès que Newton s’insurge de son manque de considération, & surtout de son manque d’égard envers le petit bonhomme, l’agent semble salement satisfait. Il dépose son stylo sur le carnet de notes & joint ses mains calleuses sous son menton. Le sourire qui étire ses lèvres n’a rien de sympathique. & dès que passent au-travers de ses lèvres ces mots aussi dégueulasses que cyniques, Livio serre les dents.
La réaction de Wilder est sans demi-mesure. En un rien de temps, il est debout, les mains plaquées contre la table & les prunelles pleines de fureur. Dans la foulée, Livio se lève. Ses doigts s’enroulent autour du poignet de son amant, tandis que sa main libre va se perdre dans le bas de son dos. Face à son profil, il remarque la tension de ses mâchoires & le soulèvement rapide de sa cage thoracique. Là, tout de suite, il suffirait d’un rien pour que Newton dégoupille. Violemment. & qu’il en foute partout : de la rage plein les murs, de la colère sur la table, des larmes sur le sol, & des démons avides de toute cette souffrance en liberté.

Sans rien dire - les amants n’ont pas nécessairement besoin de mots pour se comprendre -, le professeur de conservatoire tourne son visage vers le policier. Devant son rictus mauvais, il manque de s’emporter à son tour. Au lieu de ça, Livio prend une profonde inspiration.

- C’est précisément à cause de ce genre de remarques que des gamins continuent de mourir sous les coups de leurs parents, ou que des femmes continuent de se faire tabasser par leur mec, ou inversement d'ailleurs, grogne-t-il, sans hausser le ton pourtant.

Le policier détache son regard de Newton, détaille Rhodes du regard, sans aucune gêne & sans aucune retenue. Pendant un moment, il semble considérer leur proximité, & s’interroge naturellement sur la nature de leur relation. & puis, il soupire lourdement. Abandonnant son stylo & son carnet, il passe ses mains contre son visage.

- Tu veux m’apprendre mon métier, peut-être ?

Livio secoue la tête. Après avoir brièvement resserré ses doigts autour du poignet de Newton - dans un geste qui veut dire « ça ira, ne t’inquiète pas » -, il le relâche & penche son buste en avant, ses paumes dorénavant appuyées contre la table.
Face au policier, Livio ne se démonte pas. Il ne supporte pas son habitude nonchalante au possible. & il ne supporte pas l’idée que, d’ici quelques heures peut-être, le petit bonhomme rentre avec son père, la peur au ventre.

- Je veux que vous le fassiez correctement. & que vous preniez Newton au sérieux, quand il vous dit que ce gamin est en danger, dit-il.

Une fois encore, l’agent de police esquisse un sourire dégoulinant d’ironie. Puis comme Livio : il penche son buste vers l’avant.
Ses coudes posés contre la table & ses mains jointes sous son menton, il le scrute avec un mépris impossible à ignorer.
Par réflexe, Livio se recule.

- Ton petit-copain est un menteur né. T’as du souci à te faire tu sais ? ricane-t-il. Tu me demandes d’accorder du crédit à un type indigne de confiance ?

Les remarques du policier n’atteignent pas Livio. Il sait, depuis le temps, que Newton est fiable & qu’il n’a -au contraire- aucun souci à se faire.
Avec désinvolture, il balaie à son tour les paroles qu’il vient d’entendre. & il plonge ses yeux dans les siens.

- Très bien. Dans ce cas, je veux porter plainte. Je soupçonne ce type de battre son fils.

() Re: some days it just gets so hard (livio)

» milena ford ▪ end of all days.
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some days it just gets so hard (livio)

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