why are we always running from the bullets ?
feat. @blodwyn carpenter (mai 2023)
Des hauts et des bas. La vie est ainsi faite. Pour Newton, la majorité de son existence a été ponctuée de lutte contre ses démons, de bataille pour sa survie au sein d’un milieu hostile qui semblait vouloir sa peau constamment. Même quand Livio est entré dans sa vie, il a été contraint à continuer de slalomer entre les météorites s’écrasant autour de lui, alors que l’amour aurait dû le sauver. Les mois se sont écoulés, et c’est à bout de souffle que le biker s’est battu pour garder la tête hors de l’eau.
Puis est arrivée une quiétude inespérée. Les tensions se sont envolées et il a eu, pour la première fois de son existence, eu le droit de goûter au bonheur. Le Peter Pan des ténèbres a découvert, lentement et avec une certaine appréhension, que la vie n’était pas faite que d’injustice et de souffrance. Aux côtés de Livio, il a doucement appris à vivre, à avancer sans être constamment sur le qui-vive. L’Anglais lui a montré qu’être heureux dans un quotidien simple et paisible était possible. Et si les premières semaines ont été compliquées, s’il a d’abord éprouvé de grandes difficultés à lâcher prise, le motard a fini par y prendre goût.
Mais la vie est un océan imprévisible, tantôt calme et lisse, tantôt orageux et dévastateur. Si Newton a fini par croire qu’il était possible pour lui d’être véritablement heureux, le destin lui a rapidement remis les idées en place en dressant sur sa route de nouveaux obstacles.

Il est en pleine réunion avec les autres membres des Hells Angels lorsque son téléphone sonne pour la première fois. Extirpant l’appareil de sa poche, il s’excuse et coupe la sonnerie avant de le mettre sur silencieux. Le numéro inconnu affiché sur son écran le laisse de marbre et il range rapidement son portable dans sa veste. Mais il se remet rapidement à vibrer une seconde fois, puis une troisième. Newton attend pourtant que la séance soit levée pour se décider à décrocher lorsque le même numéro l’appelle pour la huitième fois. Plaquant sa main contre son autre oreille afin de taire le brouhaha résonnant autour de lui, il comprend rapidement que c’est un médecin qui lui parle à l’autre bout du fil. Il attrape un semblant d’informations éparses, incapable de comprendre la totalité de ce que le toubib lui raconte à cause du bruit ambiant. Mais il saisit l’essentiel : Blodwyn est à l’hôpital, en salle d’opération, et, étant son contact d’urgence, il doit se rendre aux urgences le plus rapidement possible.
Son sang ne fait qu’un tour. Savoir sa meilleure amie sur une table d’opération suffit à insuffler en lui un vent de panique qu’il dissimule derrière ses sourcils froncés habituels. Il s’empresse alors de trouver River pour lui annoncer qu’une urgence l’oblige à partir, et il quitte les lieux sans demander son reste. Tout en se dirigeant vers sa moto, il envoie un texto à Livio pour lui annoncer qu’il ne pourra pas le rejoindre immédiatement en lui donnant des explications brèves. Puis il enfourche sa bécane, enfile son casque et s’engage sur les routes de San Francisco en direction de l’hôpital.

Lorsqu’il atteint le comptoir de l’accueil des urgences, il est essoufflé après avoir couru aussi vite qu’il le pouvait. La femme lui faisant face lui indique la salle d’attente en lui annonçant que le médecin en charge du dossier de Blodwyn ne tardera pas à venir le trouver. Le temps semble alor s’étirer et c’est comme un lion en cage que Newton fait les cents pas entre les fauteuils. De temps en temps, il sort son téléphone pour répondre aux messages de Livio. Le reste du temps, il tourne en rond tout en extériorisant son angoisse dans des tics plus ou moins visibles.
Puis le fameux médecin finit par venir le voir, comme annoncé par la femme de l’accueil. Il ne comprend pas tout le jargon médical qui s’extirpe de la bouche de ce quarantenaire, mais il saisit l’essentiel : une crise d’appendicite qui a frôlé la péritonite. Autrement dit, Blodwyn aurait pu mourir si elle n’avait pas été opérée à temps. Cette information terrasse le Petit Prince qui, à défaut de pouvoir s’agripper à un siège, pose ses mains contre ses hanches dans un soupir douloureux. Le médecin le rassure pourtant sur l’état de son amie en lui assurant qu’elle est hors de danger et qu’elle ne doit rester qu’une poignée de jours à l’hôpital afin de suivre son rétablissement, notamment la baisse de sa fièvre. Newton le remercie et lui demande s’il peut aller la voir. Le médecin le conduit alors le long des couloirs jusqu’à la chambre ou se trouve la Carpenter.
Lorsqu’il pénètre à l’intérieur, il la trouve allongée sur un des deux lits présents dans la pièce. Son teint est pâle et ses yeux fermés. C’est d’un pas silencieux et lent qu’il s’approche tout en se débarrassant de sa veste qu’il pose sur une chaise dans le coin de la pièce. Arrivée à hauteur du lit, il s’arrête et l’observe d’un air partagé entre l’inquiétude et le soulagement. Elle est en vie, hors de danger, voilà l’essentiel. Il tire alors une seconde chaise jusqu’à pouvoir s’installer près du lit afin de prendre délicatement sa main entre les siennes. C’est là qu’elle ouvre difficilement les yeux, les restes de l’anesthésie la retenant certainement encore prisonnières.

- Hey, souffle-t-il dans un sourire léger alors qu’elle pose ses yeux sur lui. Comment tu te sens ?

Avec douceur, il caresse le dos de sa main, dans l’attente d’une réponse qu’il espère positive. Quand bien même le médecin lui a assuré que son pronostic vital n’était plus engagé, la voir allongée dans un lit d’hôpital est bien loin de le rassurer.

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feat. @blodwyn carpenter (mai 2023)
Newton déteste les hôpitaux. Comme beaucoup, direz-vous. Mais pour le biker, le simple fait de mettre un orteil aux urgences lui demande un effort surhumain. Il a d’ailleurs tendance à éviter ce lieu comme la peste. omme ce fameux soir où, le flanc ouvert et déversant un quantité de sang bien trop importante pour éviter de voir un médecin, il a débarqué chez Livio et que ce dernier a été obligé de recoudre la peau de son amoureux sous les directives de River. Le blond préfère endurers l’enfer, la souffrance et passer des jours, des semaines même à vivre avec la douleur physique plutôt que de se rendre dans ce genre d’endroits.
Cela ne s’applique pourtant pas lorsque ses proches sont le centre de l’équation.
Le jour où il a appris que Rhodes était à l’hôpital, il n’a pas réfléchi une seule seconde et a accouru à son chevet. Peu importe leur séparation et les raisons -plus ou moins valables, mais toutes justifiées à ses yeux- qui le tenaient éloigné de celui qu’il aimait. Peu importe l’endroit où le corps blessé de l’homme de sa vie était précieusement gardé et surveillé. Il est venu, poussé par l’adrénaline et par la peur qu’on lui arrache la personne la plus chère à son cœur.
Ainsi, lorsqu’il a reçu l’appel de l’hôpital plus tôt dans la journée l’avertissant que Blodwyn devait être opérée d’urgence, une nouvelle fois, il n’a pas réfléchi. La jeune femme représente à elle seule tout un pan de l’univers de Newton, une des quelques étoiles gravitant dans la galaxie de sa vie. Il était alors évident qu’il rappliquerait aussi vite que possible, et ce peu importe ce que l’hôpital peut lui inspirer comme sentiments et émotions désagréables.
Pourtant, alors qu’il est installé à son chevet en lui tenant la main, attendant qu’elle se réveille, il est étreint par des souvenirs désagréables qu’il tente tant bien que mal d’enfermer dans les abysses de son cerveau. La dernière fois qu’il s’est retrouvé ainsi, assis près d’un lit d’hôpital, à tenir la main d’un être cher, Livio y était allongé. Presque méconnaissable, son visage et son corps portant les traces violentes de son agression, il était là, à pleurer, à supplier le Hells Angel de ne pas le laisser. Et Newton, en proi à une détresse ingérable et étranglé par une culpabilité insupportable, est resté, par amour.
Cela reste l’un des souvenirs les plus traumatisants de sa vie d’adulte.
Blodwyn finit par ouvrir les yeux, rappelant le motard à la réalité et le sortant de ses réminiscences morbides. Il se redresse dans son siège et serre un peu plus sa main dans la sienne, posant sur elle un regard qui se veut rassurant. Il lui laisse quelques secondes pour émerger, puis la questionne sur son état. La réponse qu’elle lui offre le rassure. Il reconnaît bien là sa meilleure amie tandis qu’elle lui témoigne la panique qui la gagne.
Dans un geste tendre, Newton porte son autre main sur celle de la brunette, ceci afin de pouvoir tenir sa paume entre les siennes avec délicatesse. Ses pouces caressent doucement son épiderme alors qu’il répond sur un ton posé.

- Tu es à l’hôpital.

Sa réponse ne semble pas rassurer la Carpenter le moins du monde. Elle regarde à droite, à gauche, semblant essayer de donner du sens aux paroles qu’elle vient d’entendre. Ses doigts libres vont masser sa mâchoire dans une grimace traduisant l’état douloureux dans lequel elle doit encore se trouver. Newton ne bouge pas. Il ne la lâche pas du regard non plus, lui laissant le temps nécessaire pour émerger et comprendre ce qui a pu se passer. Ce qu’elle avoue peiner à faire, des points d’interrogation valsant dans la profondeur de ses iris. Wilder laisser s’écouler quelques secondes, cherchant étrangement les mots à employer pour lui expliquer les raisons de sa présence ici. Ce sont pourtant des phrases simples qui décrivent les faits.  

- Tu as fait une crise d’appendicite, commence-t-il doucement sans cesser de caresser sa main. Tu étais à la pharmacie, tu te souviens ? Tu as perdu connaissance.

Il n’a aucune idée de ce que la mémoire de Blodwyn a pu enregistrer. Se souvient-elle s’être rendue à la pharmacie ? Se rappelle-t-elle avoir fait un malaise ? A-t-elle repris connaissance plus tôt dans la journée, entre son évanouissement et son arrivée à l’hôpital ? Entre son opération et son réveil auprès de lui ?

- Ils ont pu t’opérer à temps et t’éviter une infection. Tout va bien maintenant, termine-t-il en lui adressant un léger sourire, censé la rassurer.