2 novembre 1990 « Maël, tu viens me voir s’il te plait. » La voix grave et cassée de son père passe sans qu’il n’y prête attention le garçon. Sur fond sonore de la cassette de Basil le détective, il vrille sous les yeux ébahis de Nohan pour lui montrer l’évolution que la fusée de leur mère devra prendre dans moins de six mois. Il a hâte le rouquin. Sa mère sera la deuxième femme américaine à monter dans l’espace. Il a les yeux qui brillent quand elle lui montre les étoiles sur son télescope le soir. Parce que quoi qu’ils disent tous, Ruth O’Callaghan est la femme la plus incroyable aux yeux de son fils. Une mère aimante, une femme de caractère et une héroïne de la nation. La porte s’ouvre et le garçon perché sur un pied de chaise s’écrase sur le sol. Le visage de son père est déformé et sans savoir pourquoi, un frisson le parcourt. « Quelque chose ne va pas papa ? » « Maman… » La voix si sûre de son père se brise. Cette voix intense et sereine, celle qui berce ses garçons à coup d’histoire d’hommes à longueur de journée. Celle qui conte les aventures de sa femme avec un amour à revendre. Elle se brise et plus jamais il ne l’entendra chantante. Il ne sait pas encore pourquoi, mais il le sait. C’est le visage de son grand père qui s’immisce dans l’entrebâillement de la porte. Visage rassurant qui l’espace d’un instant souhaite rendre le moment paisible pour les enfants qu’ils sont. « Les garçons, venez voir. » « Ce sont mes fils, je peux leur dire. » Sèche et troublante, la phrase de Galiël trouble son fils encore un peu plus. « Papa… » Cet homme grand et fort, cette image de l’assurance, l’américain fort venu d’une contrée d’ailleurs tombe. Les larmes viennent et il s’écroule genoux sur le sol et mains sur le visage. Il le souhaiterait mais en ait incapable. Son monde et celui de ses enfants vient de s’écrouler. Ruth est partie, son corps envolé en même temps que cette torpille d’essai. Plus jamais elle ne pourra panser ses peurs et répondre aux cauchemars des petits. Les cris et larmes de son frère frappent la terreur du moment alors qu’il est encore trop jeune pour comprendre, le petit Nohan, mais pas lui. Alors il dégluti l’enfant. Prend son frère dans ses bras et s’avance vers la carrure imposante de son géant de père. Son bras encore frêle l’enlace alors que son front vient se coller à celui de l’irlandais. « Ca va aller papa… On va s’en sortir… On est là, nous. » 12 décembre 1990 La porte s’ouvre sur les parents vieillis de Ruth O’Callaghan. C’est pourtant leurs sourires qui s’affichent. Des sourires d’adultes qui veulent tenir la face alors qu’ils ne sont plus que miettes à l’intérieur. Un mois qu’elle est partie rejoindre les étoiles dont elle parlait tant. Un mois que son mari n’est plus capable de rien. « Je suis désolé. » Les seuls trois mots que Maël l’a entendu dire depuis quatre semaines. Il est désolé mais n’agit pas. Il est désolé mais il ne boit que cette bouteille de liquide brun sans plus prendre la peine de surveiller la purée de sa fille. Il ne vit que dans un monde noir sans prendre soin de veiller à ce que les affaires de Nohan soient propres ou que les devoirs de l’aîné soit fini. Le rouquin vient au conflit trop souvent pour son âge. Énervé de tout, et d’autant plus des actes inexistants de son paternel. Un homme ne devrait pas s’apitoyer ainsi. « Tais-toi, j’ai l’impression de l’entendre… » des mots qui blessent, des mots qui déchirent. Il le sait le garçon. Son caractère est le même que celui de cette femme à la chevelure d’ange. Mais s’il l’aimait autant qu’il le dit, alors pourquoi vouloir la taire ? Elle n’est plus là, ne le sera plus jamais mais doit-on pour autant l’oublier ? Il rage, boue, hurle l’enfant. Il tient bon, tiens la face et pourtant quand les bras de sa grand-mère l’enlacent, il se laisse aller. Des perles chaudes viennent s’écraser sur ses joues, déferlant une douleur qu’il cache depuis trop de jours. Il a mal, il est perdu et ne sait quoi faire. « Ca va aller mon grand, on est là maintenant. » Parce que cette visite n’est pas que pour les vacances de Noël, mais bien un appel à l’aide. Celui d’un père qui part à la dérive, un dernier signe de bonne foi, une demande pour que sa famille survive, même si lui fait tout pour la tuer à petit feu… Du Texas à la Californie, ils déposent leurs valises sans savoir si un jour ils reverront cette terre qui les a vu grandir. Il s’en fiche l’enfant car c’est sur celles qui ont construit sa mère qu’il vieillira, donc normalement tout ira bien, non ? mai 1992 Les effluves s’échappent jusqu’à ses narines sans qu’il ne puisse rien y faire. « Papa, il est l’heure de rentrer. »  Le rire gras de son père le percute comme une insulte. Ce qu’il ne tarde d’ailleurs pas à faire auprès de ses fameux amis qui passent également leur temps et leur argent dans une liquide rendant le meilleur des hommes en un monstre hideux. « Dégage, tu n’as rien à faire là. » Certes, mais c’est bien lui qui avait amené son fils de 12 ans au bar pour lui ‘montrer’. « Papa… » « Arrête avec ce mot ! » La rage qui jaillit du regard de cet homme transforme ses traits et un frisson passe sur la colonne de son fils. « Dégage, tu me dégoutes. » « Je te déteste. » Il tourne les talons le rouquin, poings serrés et cœur plus lourd que jamais. Ce jour, il n’a pas perdu que sa mère, mais bien ses parents. Cet être errant dans les bas-fonds d’un bar poussiéreux n’est pas l’homme qu’il a connu en grandissant. L’air frais de l’extérieur l’attrape, poumons serrés, gorge sèche, il a envie d’hurler le gamin. Son poing fini par s’écraser contre le mur déformé face à l’enseigne. Phalanges en sang, il se fiche du reste du monde. Il a le cœur lourd, l’esprit ailleurs, il ne comprend plus ce monde le garçon. Son esprit s’aventure à son frère et sa sœur, probablement au lit depuis plus de deux heures, paisibles dans un monde qu’ils doivent conserver. Celui des rêves et des images cajolantes que leur grand-mère leur offre. Une heure qu’il attend à l’extérieur du bâtiment quand les autres soulards sortent sans que la silhouette de son père ne s’aventure dans l’air frais. Il se lève le texan, entre dans l’amertume du bar où le blond près des bouteilles lui lance un regard désolé. « La prochaine fois, arrêtez-vous avant… » Le grognement de son père annonce un retour mouvementé et il baisse les yeux le garçon. « Viens, on rentre maintenant. » « Non. » « Ok, tchao. C’est toi qui aurais dû être dans cette machine au final. » Cette fois, il ne tourne pas le visage quand son père le fusille du regard. Homme perturbé qui s’avance dans un élan de colère avant de s’échouer dans les bras encore trop frêles de son fils. « Je sais. Je suis désolé Maël… » « On rentre maintenant. » L’homme appuyé sur son épaule, le chemin se fait long et pénible avec l’haleine putréfiée qu’il lui souffle sur le cou. Les larmes du maçon réchauffant le t-shirt de l’adolescent qui ne desserre pas les dents. Il trébuche plus d’une fois, bien trop faible pour supporter le poids de l’adulte mais il tient bon Maël. Alors que la maison de ses grands-parents se fait visible, il a l’impression que le poids s’allège. Troublé, son regard se tourne à ses côtés et il l’aperçoit. Demoiselle venue de nulle part, elle lui sourit tendrement sans un mot, sans jugement, sans même demander quoi que ce soit. Elle est là, tout simplement. Elle la voisine d’à côté, elle qu’il a déjà vu plusieurs fois sans trop lui adresser la parole. Elle sait et il ne peut pas le lui cacher, cela se sent de toute manière… Alors que les gongs de la porte se dévissent, il insère son père à l’intérieur, abandonnant un instant la demoiselle, juste le temps de le poser sur le canapé, le couvrant d’une couverture, comme à son habitude. Penaud, il retrouve le chemin de la sortie, des bouteilles de coca à la main. Elle a déjà tourné les talons mais il l’a poursuit le garçon, mué d’une gratitude sans nom face à cet altruisme dont elle a fait preuve, sans même poser de questions. « Hé ! » Elle se retourne la brune. Quelques années de plus, elle le dévisage et le gratifie d’un mouvement de tête. « Merci. » Ses épaules se soulèvent comme si tout était normal. « Un coca ? » « Tu dois pas te coucher ? » Le regard du rouquin se dirige vers le lieu où l’autorité parentale est supposée se trouver. « Je pense qu’il ne dira rien. » « Alors ok. » Il lui tend une bouteille qu’elle attrape avant de s’assoir avec nonchalance sur le banc de la rue. « D’ailleurs je m’appelle Maël. » « Ophélia. »   1995 « Tu as trop bu. » « Tais toi. » « Va te coucher maintenant, ça suffit. » Il s’avance afin de prendre la bouteille sur la table basse du salon. Ils sont tous au lit, couché pendant que lui boit à en perdre la raison, comme tous les soirs, comme tous les jours… Il le sait Maël, il le voit faire. Il voit également le regard de son grand père désolé face à cet homme qui un jour a épousé sa fille. Il voit la peur dans celui de sa grand-mère en pensant à ce qu’il pourrait faire à ses trois petits enfants. Maël lui, le sait. Chaque nuit, il se lève pour le retenir, pour empêcher la colère de cet homme accablé par la peine grandir et toucher d’autre personne. « Tu viens travailler demain. » « Je dois être au lycée demain. » « Et ? » « Je ne pourrais pas être là, j’ai des devoirs aussi. » « Tu les feras après. » Cette fois, il retire le verre de la table et la main du paternel se referme sur son poignet devenu plus puissant avec le temps. « Tu es soul, ne fait rien que tu regretterais. » « Qu’est-ce que je peux regretter ? » « Avoir bu une bouteille de gin par exemple ? » « Il n’y a que comme ça que j’arrive à oublier. » « Alors arrête d’oublier et vis avec, comme tout le monde. » « Vous ne savez pas ! » « Baisse d’un ton. » « Je crie si je veux ! J’ai perdu ma femme, pas toi ! » « C’était il y a cinq ans et on a perdu notre mère en même temps. » « Petit ingrat. » Le regard du fils s’ancre dans celui du père. Si les âmes pouvaient faire du mal, celle face à lui était la plus meurtrière de toutes. « Rends-moi ça. » « Non. » « Maël, ne discute pas, je suis ton père. » « Alors commence à agir comme tel. » Le mot de trop, la phrase qu’il ne fallait pas, il le savait, il l’avait déjà vu ainsi. A de rares occasions mais parfois, l’alcool prend le dessus. Cet homme brisé se lève, géant de pierre, sa main s’écrase sur le visage de son fils qui sous la violence de l’action se recule contre le mur. La rage est trop grande, trop forte, il n’en peut plus et il n’est plus un enfant Maël. Cette fois, il sert les poings et sans réfléchir part à l’assaut également. Il encaisse autant qu’il renvoi, il ne sait pas vraiment se battre, mais il laisse tout ressortir, laisse cette haine prendre le dessus, comme il l’a déjà fait, comme il le refera, il le sait. Sentiment salvateur, le libérant de chaines qu’il refuse. S’il reste là, c’est pour eux, les enfants qui dorment à poings fermés dans leurs chambres au-dessus d’eux. Etre sûr qu’il ne leur arrivera rien, qu’ils vivront heureux ou avec tout ce qu’il leur faut. Alors il prend sur lui mais le soir, cela devient trop et il se laisse aller le rouquin. Jusqu’à ce qu’il se retrouve au sol, arcade en sang, lèvres ouvertes et le regard aussi brisé que celui qui le fixe de l’autre côté de la pièce. Sa main se lève et le mouvement de frayeur de l'adolescent stop son géniteur. « Dégage avant qu’on le regrette tous les deux. » « Je pensais que tu le regretterais plus rapidement… » Il se lève, difficilement et prend la porte. L’air le prend aux tripes, son regard se tourne sur la droite et elle est là. Comme souvent, peut-être trop. Quand ça arrive, sans un mot, sans une question, comme le premier soir. Il la retiendra comme tous les autres jours parce qu’il ne mérite pas cette attention, pas de sa part à elle, et puis… même si elle aime le croire, ce ne sont pas ses affaires. aout 1999 Il n’y aurait jamais cru le texan. Au début de l’été, lorsque son regard a croisé celui de cette demoiselle, probablement bien trop jeune pour lui, il n’aurait pas parié de vivre cet été ainsi. La première fois que leurs lèvres se sont touchés, il l’a ressenti cette implosion dans son cœur. Chaque fois qu’elle est dans son champs de vision, il ne peut le retenir ce sourire qui illumine alors son visage. Lui, le garçon à qui la vie n’a pas souri tous les jours. Il a l’impression de voler plus haut que le ciel. Étudiant au prestigieux California College of Art, ils se sont mis d’accord dès le début : s’il doit se passer quelque chose, cela prendra fin au début de l’année scolaire. Elle toujours lycéenne, lui étudiant, les choses ne pourraient se faire. Pourtant, son cœur bat et il n’a plus envie de la laisser partir. Pour la première fois de sa vie, il est amoureux Maël mais il ne dit rien parce que cela complexifierait le tout. Alors il garde leur idylle à lui, secrètement comme ils savent parfaitement le faire. Bras autour d’elle, le regard dans le vide mais la joue contre sa chevelure ébène, il sait que cette heure est la dernière pour eux mais il voudrait la faire durer une éternité. Il parait que le premier amour est plus fort que tout le reste, qu’il vous marque à vie. Elle, elle le marquera encore bien plus, il le sait, parce que personne ne peut oublier Alison Conley. 2001 Ses dents ne se desserrent pas, grincent, et sa mâchoire commence à être douloureuse. Pourtant, il est incapable de se détendre, faisant les cent pas dans les couloirs aseptisés de l’hôpital. Il n’arrive pas à ôter cette vision de son esprit. Son frère inerte. Il a failli Maël. Il n’a pas réussi. Il leur avait promis pourtant. Il avait promis de veiller sur eux. De leur offrir la vie qu’ils méritent. Il a repoussé   Erin pour qu’elle ne voit pas l’horreur de ce moment. Les cris de sa sœur sont pourtant encore présents dans ses tympans et ses larmes ne sèchent pas sur son t-shirt. Les grands-parents sur les sièges de l’hôpital attendent et tous les regards se lèvent vers cet homme qui arrive en courant, les mains pleines de terre et la frayeur sur le visage. « Comment il va ? Je suis déso… » Cette fois, il n’a pas attendu Maël. Marre d’entendre cette phrase dans la bouche de son père. S’il a toujours été le premier à dégainer des coups, cette fois, le fils n’a plus peur et son poing vient s’abattre sur l’arcade de l’homme mure. Le cri de sa grand-mère vient se camoufler entre ses mains alors que son grand père se lève, prêt à s’interposer en cas de besoin. « Arrête de t’excuser et agis ! Tu attends quoi ?! Qu’on y passe tous ? Au moins tu pourras encore plus t’apitoyer sur ton sort ? » « Ne m’accuse pas ! Tu n’as rien fait non plus pour l’en empêcher ! » « Mais au moins j’en ai conscience ! » Un deuxième coup s’envole et la rage ne fait qu’un tour dans le sang du jeune adulte. « Arrête ! » Il s’arrête immédiatement le rouquin. Son regard se tourne et s’attache à celui larmoyant de sa petite sœur. Erin. Ses paupières se ferment, il a honte le garçon. Pourtant, il met un temps fou à redescendre. Il le fait pour elle, mais il le sait, elle n’aurait pas été là, il ne se serait arrêté que lorsque son père aurait dû être à la place de Nohan dans ce bloc opératoire. Il ne sait pas gérer cette émotion, il en a peur car elle est ce qui le rapproche le plus de cet homme. « Erin, je… » Ses iris s’accrochent à celle des deux personnes qui l’on élevé avant que ses pieds ne prennent la fuite. Blotti dans l’escalier de secours de l’hôpital, ce sont les bras de sa petite sœur qui le sorte de sa transe, Maël. « Tu ne peux pas tout faire, tu sais ? » « Ça ne devrait pas être tes préoccupations, princesse. » « Mais tu es mon grand frère. » « Justement, mon rôle est de vous protéger. » « Tu es notre frère pas notre père. » « Il vous en faut bien un… » « … » « Viens là princesse. » Ouvrant ses bras, il la laisse s’y installer, seule et unique personne qui arrive à apaiser son esprit, diminuer son pouls et le connaitre mieux que personne. Il a échoué à les protéger et s’il continue ainsi, il fera encore plus de mal… 2002 Bras encerclant Erin et sa grand-mère, il a le visage froid Maël. Devant eux, le cercueil de l’homme qui lui a tout appris descend dans le sol. Lui, son grand-père, celui qui lui a donné son premier pinceau, appris à tracer des traits en biseau et à voir la magie de la moulure. Il a éveillé le garçon à l’art, lui a montré ce qu’était un véritable homme et aujourd’hui, il rejoint la terre qu’il chérissait tant. A leur côté, son gendre, ne pense qu’aux problèmes que cette mort va engendrer. La responsabilité qu’il doit encore plus avoir. Cette boite du bâtiment qui tient qu’à un niveau bancal. Près de lui, son fils sait et a compris au dernier souffle de son grand-père. L’art est fini, les études s’envolent et il va devoir entrer dans le monde adulte, les responsabilités de son père et les chantiers plus vite qu’il ne le pense. Son grand père appuyait sa carrière différente, aujourd’hui, sa grand-mère ne fera pas le poids, et il devra trouver de l’argent et aider l’homme qui lui a donné la vie pour offrir un avenir à son frère et sa sœur…  décembre 2004 Alors que le moteur de l’avion s’allume dans un bruit assourdissant, son cœur se réduit en poussière. Dix jours qu’il a signé pour défendre son pays. 1à jours qu’il l’a annoncé à ses proches et surtout à elle. Elle. Evaline Keynes. Demoiselle qui travaille pour l’entreprise familiale depuis le début de l’année et qui a su gagner le cœur du rouquin plus rapidement qu’un claquement de doigt. Elle est son sourire, son cœur et son être. Sa meilleure amie et son amante, celle qui a déjà subi trop de départ à cet endroit et accepte le sien, une larme à l’œil et en espérant un retour de son petit ami. Il ferme sa main sur la photo qu’il a d’elle, le visage triste. « Petite amie ? » « Oui… » « Je comprends, tu t’y feras et elle aussi. » Main sur son épaule, il doit avoir son âge le garçon mais porte l’insigne de responsabilité de l’équipe, l’étiquette Flores sur son torse. 2007 Nouvel insigne sur le torse, nouvelle vie mais pourtant le cœur en charpie. Il a pris la décision Maël. Il le sait, tout est de sa faute, mais il se refuse de lui infliger ça. Nouvelle recrue des SEAL, il ne supporte pas de la savoir attendre. Déjà il le lui a demandé durant 3 années, aujourd’hui il ne le souhaite plus. Elle est encore jeune et peut avoir la vie devant elle. Evie est sa meilleure amie, son âme sœur mais sans savoir pourquoi, malgré tout l’amour qu’il lui porte, il ne peut lui demander cela. Peut-être de l’égoïsme, peut-être qu’il réfléchit à sa place comme elle le lui dit, mais il ne cesse de penser que c’est un mal nécessaire. Il aurait voulu ne pas la perdre, mais il comprend sa douleur. C’est avec la boule au ventre qu’il récupère ses affaires, et ferment leur histoire incroyable pour s’envoler vers une nouvelle équipe et un avenir encore plus dangereux que ce pour quoi il avait signé au départ. Lui tourner le dos est le plus difficile à faire, savoir qu’elle lui en veut est plus douloureux qu’une balle dans le corps et penser qu’il ne pourra peut-être jamais la revoir et finir sur une dispute, un trou béant dans le cœur. Septembre 2010   Un appel, une urgence, Erin. Malade depuis quelque temps, les reins ne tiennent plus et aucun donneur n’est trouvé. Après plusieurs tests, et sans réfléchir à deux fois, il saute dans le premier avion de rapatriement pour se retrouver allongé sur un lit d’hôpital Maël. La vie de sa sœur est en jeu et s’il court tous les jours pour sortir des inconnus des bombes, il n’a pas eu le temps de battre un sourcil pour accepter de lui donner une part de lui-même. Une pression monstre et pourtant, il ne peut rien y faire. Leur sort est entre les mains de médecins et il ne peut qu’espérer que tout aille bien. Réconfort supplémentaire dans cette affaire, la main d’Evie qui est venue pour les soutenir dans cette épreuve. Elle, le quatrième membre de cette famille. Elle qui a réussi à mettre de côté sa rancune pour être celle qu’elle sait parfaitement être. Sa personne, là pour sauver la femme qui compte le plus au monde aux yeux du militaire. 2011 Après plusieurs rééducations et une remise à niveau, c’est définitif, il prend en charge sa propre équipe. Au commandement d’une équipe d’hommes, il y retrouve son premier lieutenant ainsi que des membres en or qui comptent tous les uns sur les autres pour se maintenir en vie. Décembre 2013 Dans le village prêt de l’installation militaire, la fête se prépare. La joie est présente et ces personnes qui ne croient pas en leur dieu, préparent pourtant les victuailles pour célébrer un Noël ensemble. Eux qui ont tout perdu par leurs mains, les accueillent comme un ancien ami que l’on tape dans le dos avant de lui offrir une bière. Parmi les visages heureux, celui de Malik. Petit garçon heureux, incroyablement fort mentalement qui a pourtant tout perdu à son jeune âge. Il rêve jour et nuit des building américains, de football us, baseball et des possibilités offertes par ce pays. Si jamais il n’a pensé avoir d’enfant Maël, il ne peut s’en empêcher. Aujourd’hui, il le lui proposera et dans un mois, l’enfant pourra rentrer au pays avec lui. Cheveux ébouriffés, larmes de joies dans les yeux, il court de personnes en personnes pour annoncer la nouvelle le gamin et l’adulte, lui, se promet de ne jamais être son père, de ne jamais rabaisser ce garçon et lui offrir ce qu’il n’a pu faire à son frère… Janvier 2014 Mission fini, rire et joie sur le visage, il court vers lui le gamin. Malik fonce plus vite que jamais pour trouver les bras du militaire. Demain, ils partent pour le pays de ces rêves, demain, Maël deviendra son gardien. Demain, ils devaient vivre le plus beau jour de leur vie. Explosion. Destruction. C’est tout ce que le pays des rêves de cet enfant sait faire pourtant. Sous les yeux du texan, une bombe explose. Bombe américaine, envoyée sans connaissance du militaire. Une bombe qui détruit des dizaines de vie alliées et aucune ennemie. Il ne savait pas Maël. Le feu fait rage, le corps de l’enfant sans vie git sur le sol. Ses pas le mènent à lui dans un instinct sauvage avant que des bras le récupère. Ce n’est plus la peine. Il est mort. Son fils est mort et plus jamais il ne pourra le faire rêver d’histoires incroyables de superhéros et de sportifs incroyables. Jamais il pourra devenir cet américain qu’il rêve d’être. Jamais plus il ne pourra rêver, et les rêves de Maël s’envolent avec cette possibilité… Mai 2015 Ce n’était plus possible. La foi dans le corps d’armée est partie en volée avec son fils en devenir. Il aura mis un an à rendre les armes, mais c’est chose faite. Il espère et prie pour ses camarades qu’il ne pourra plus aider en mission mais il ne pouvait plus être à 100% alors il a préféré laisser les choses se faire Maël. Reprise de la boite du paternel et retour aux sources… Et là dans ce bar, pour la première fois depuis un mois, pour la première fois depuis un an, un sourire illumine son visage et il se dit que peut-être il a pris la bonne décision.  Au fond du bar, elle est là. Femme qui n’a pas changé, sauf à prendre une beauté incroyable avec le temps. Demoiselle qui était partie avec son cœur 16 ans plus tôt, seul espoir d’un renouveau, nouveau souffle, et amour infini. Après des essais plutôt nombreux, il la retrouve en se jurant de ne plus jamais la laisser s’échapper. Alison. Février 2019 Des tentatives plus que multiples, trois mois d’essais toujours avortés. Le travail, les amis, l’incompréhension, des loupés à gogo. C’est finalement dans son sommeil qu’il y arrive. « Veux tu m’épouser ? » Alors qu’il a débuté de lui-même la conversation, persuadée du lourd sommeil de sa bien-aimée, elle accepte réellement en se retournant. A nouveau il le connait. Le véritable bonheur. Elle le lui offre dans ce regard chocolat dont il ne se lassera jamais. Alison Conley est sa fiancée et lui, Maël O’Callaghan, est le plus heureux des hommes. Septembre 2019 Elle est partie. La porte s’est fermée sur cette silhouette parfaite alors que la bague brulante se trouve encore dans la paume de sa main. Le silence s’étend et un frisson le traverse. Les rêves, le futur, rien ne vaut le coup finalement… Il se sent vide, perdu et la colère redescend. Alison et Maël, Maël et Alison. Ce couple qui jamais n’élève la voix, est parti en fumée face à cette difficulté. Elle veut des enfants sans pouvoir en faire. Il en refuse en bloc, sans pouvoir lui expliquer pourquoi. Fermé, il ne peut le lui dire, la mort de Malik encore trop réelle dans son esprit. Pourtant, il vient de la perdre et il n’est plus… Plus jusqu’à ce que l’on frappe à la porte et une Evaline meurtrie lui fasse face… Une soirée, des sentiments noyés dans un trop pleins d’alcool, des émotions troublés et un passé retrouvé pour un temps bref et oublié par la suite sans qu’ils ne veuillent y repenser. Avril 2020 Evaline est tombée, l’attaque à l’hôpital l’a prise de plein fouet, rien ne va plus. Un accident, une semaine et la voilà à donner naissance à ses jumelles un peu trop tôt. Le verdict tombe après une opération. Elles n’ont pas le même père. Regard appuyé et il comprend Maël. Lui qui a détruit sa vie en ne voulant pas d’enfant devient papa sans préparation. Épuisement, retour à la réalité impossible et retour à domicile tout aussi improbable. Alison est de retour pour qu’à nouveau, il lui brise le cœur sans pouvoir y faire quelque chose. Lui qui a passé les derniers mois à penser lui accorder ce qu’elle voulait pour ne jamais la perdre, aimer un enfant qu’ils chériront. Elle est repartie et il sait qu’elle est partie vers cet homme… L’autre… Celui qui fait tourner la tête de son ex-fiancée, celui qui a tout débuté. Il fait face Maël, il garde la tête haute, mais s’il prendra sa responsabilité pour sa fille et sa sœur, pour Evie, pour l’amour qu’il leur porte, mais il n’est que fantôme quand plus personne ne regarde, il ne peut plus avancer sans elle, ne sait pas faire et ne souhaite pas apprendre… Alors c’est donc cela que son père ressentait pour sa mère ? Cette amour duquel on ne peut jamais se relever ? Celui qui nous fait vivre les plus belles histoires et nous détruit au plus profond de notre être lorsqu’il nous échappe ?   octobre 2020 Alors qu'ils vivaient en collocation dans leur maison jusque là, elle décide de quitter les lieux Alison. Partant pour son propre appartement, lui laissant la place pour les jumelles, même si elles ne sont là qu'un week end sur deux. Il comprend mais il a mal, leur relation est donc véritablement finie. premier de l'an 2021 Il a été forcé de se montrer ici ce soir. Sorti de son jogging et sa torpeur pour affronter le monde l'entrepreneur. Elle est là ce soir, Alison. Pourtant, ils ne restent pas loin l'un de l'autre. Elle lui propose une danse et ils décident de ne plus jamais l'arrêter. 4 jours dans une chambre d'hôtel à refaire le monde, leur monde, jusqu'à ce coup de téléphone, explosant leur bulle et renforçant ce lien déjà si fort, à tout jamais. 4 janvier 2021  Lohan a l'autre bout du téléphone a découvert le départ d'Alison dans la maison. Il n'y arrive plus, il a besoin d'aide. Rapidement dans la voiture pour l'empêcher de faire une erreur, Alison au téléphone, il arrive à temps Maël, mais pas assez bon. Ambulance, hôpital, il en aura pour de nombreux mois Lohan, mais sa vie doit revenir, sa vie doit reprendre et il fera tout pour l'y aider, maintenant qu'il est plus fort. Mars 2021Un accident dans la rue et il retourne à l'armée en un instant Maël. Syndrome Post Traumatique disent les médecins. Une folie selon lui. La mort de Malik en boucle dans son esprit, il n'est plus véritablement là. C'est Alison qui le sortira de là, découvrant par la même occasion, l'histoire qu'il a toujours tû, l'histoire responsable de leur rupture quelques mois plus tôt... Maintenant qu'il a réussi à le dire, il l'avouera au reste de sa famille, sortant son plus fort traumatisme de ses entrailles. Mai 2020Les yeux pétillants, c'est à nouveau elle qui a demandé. C'est qui suite à toute cette histoire s'est persuadée qu'elle voulait finir ses jours avec lui. Une demande, un trajet et c'est à deux qu'ils se marient, sans personne autour d'eux, s'unissant jusqu'à la mort et froissant tous leurs proches par la même occasion. pourtant, ils sont heureux et rien ne peut dégonfler cette bulle dans laquelle il se trouve le O'Callaghan. Septembre 2021Ils étaient supposés se marier face au monde ce jour là. Mais un appel a tout changé. Le patient d'Alison, Milo, garçon de 13 ans qui s'est retrouvé à appeler à l'aide, pour ne pas mourir sous les mains et les coups de son beau-père. Deux heures du matin à la caserne de police, ils remplissent les papiers et Maël ne laisse pas le choix, ils ramènent le garçon chez eux. Fin 2021Ils se mettent d'accord, et souhaitent maintenant adopter ce garçon qu'il ait sa famille, leur famille comme repère. Lohan sort de l'hôpital et si la maladie de Maïween reprend, il sait qu'ils pourront tout faire maintenant. 24 Mai 2022 Enfin, ils se sont mariés officiellement face à tous leurs proches et dans un comble parfait. Deux après celui qui aurait dû être leur première date, ils sont là et devant tous, se disent oui.